dimanche 15 juin 2008

PSA préparerait un concurrent du Renault Scenic

La Tribune.fr - 13/06/08

La firme devrait dévoiler au Mondial de l'Auto un monospace compact sur la base de la Peugeot 308

Selon la radio BFM, PSA Peugeot Citroën prépare un gros coup pour le Mondial de l'automobile qui se tiendra en octobre prochain à Paris.

La firme devrait en effet y dévoiler un monospace compact sur la base de la Peugeot 308 et qui serait baptisé 3008.

L'objectif de PSA serait de concurrencer le Renault Scenic sur le marché du monospace compact ce qu'elle n'avait pas encore fait jusqu'alors.

latribune.fr

Le pétrole cher pèse sur le marché automobile européen

La Tribune.fr - 13/06/08


Les ventes de voitures neuves en Europe ont replongé de 7,8% en mai sur un an, après une hausse de 9,6% en avril, selon l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). Le marché français fait de la résistance par rapport aux autres pays européens. Renault s'en sort mieux que PSA Peugeot Citroën.

Les ventes de voitures neuves ont replongé de 7,8% sur un an en Europe en mai, après une hausse de 9,6% en avril, annonce ce vendredi l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA), qui y voit l'effet d'une "augmentation massive des prix du carburant".

Au total, 1.334.081 voitures neuves ont été immatriculées en avril dans les vingt-huit pays passés en revue par l'ACEA: les vingt-sept Etats membres de l'Union européenne, moins Chypre et Malte mais plus les trois pays de l'AELE (Islande, Norvège et Suisse).

Sur les cinq premiers mois de l'année, le marché automobile européen affiche un recul de 0,7%. En Europe de l'ouest, précise l'ACEA, les ventes ont baissé d'environ 8% en mai et de 1,5% depuis le début janvier. Les pays récemment entrés dans l'Union affichent pour leur part un recul de 4,2% des ventes par rapport à mai 2007 mais une hausse de 9,8% sur janvier-mai.

Sur le grand marché européen, Volkswagen, numéro du secteur en Europe, a vu ses ventes reculer de 8,1% le mois dernier et Toyota a subi une chute de 21,6%, tandis que les ventes de Nissan ont progressé de 8,4%. Renault a vu ses ventes diminuer de 0,1% en mai tandis que celles du groupe Renault (y compris donc Dacia qui fabrique la Logan) ont baissé de 5,7%.

Le rival de Renault, PSA Peugeot Citroën, est moins bien loti avec une baisse de 7,7% de ses ventes de voitures neuves en mai. Citroën a reculé de 9,9% et Peugeot de 5,9%. Depuis le début de l'année, le groupe affiche un recul de 3,3% alors que le groupe Renault est en territoire positif (+0,8%) grâce à Dacia.

La France est le seul des grands marchés européens à enregistrer une hausse à la fois sur le seul mois de mai (7%) et sur les cinq premiers mois de l'année (5,2%). En Allemagne, les immatriculations de voitures neuves ont baissé de 6% par rapport à mai 2007 mais l'ACEA parle de stabilisation, les chiffres cumulés sur cinq mois montrant une progression de 4,2%.

Les marchés espagnol et italiens sont restés orientés à la baisse le mois dernier, avec des reculs respectifs de 24,3% et 17,6%. Au Royaume-Uni, les immatriculations ont diminué de 3,5% en mai après deux mois de croissance marquée, qui limitent à 0,6% le recul du marché britannique sur janvier-mai.

Ventes mondiales en hausse de 1,1% pour Renault

Le fabricant annonce dans la foulée que ses ventes mondiales ont progressé en mai de 1,1% sur un an, à 219.801 véhicules. Dans un communiqué, le constructeur automobile indique que les ventes de la marque Renault dans le monde ont augmenté de 4,7% le mois dernier. Celles de Dacia ont marqué une baisse de 21,6% et celles de Renault Samsung Motors un recul de 9,7%.

latribune.fr

Le FMI table sur une "croissance molle" durant tout 2008

La Tribune.fr - 13/06/08

Dominique Strauss-Kahn ne voit pas de "redémarrage véritable" de l'économie mondiale avant 2009. Selon le directeur général du FMI, il y a "de bonnes chances pour que le plus gros de la crise financière soit derrière nous".

L'année 2008 sera bien une année économiquement morose. "Nous prévoyons une croissance molle pendant plusieurs trimestres successifs", a prévenu ce vendredi Dominique Strauss-Kahn (DSK), directeur général du Fonds monétaire international (FMI), ajoutant qu'il n'y aurait "de redémarrage véritable qu'en 2009". "Fin 2008-début 2009 aux Etats-Unis, avec un petit décalage pour l'Europe", a-t-il précisé devant quelques journalistes, en marge d'une réunion des ministres des Finances du G8 à Osaka (Japon), comparant la situation économique non pas "à un V mais plutôt à un U".

Il y a "de bonnes chances pour que le plus gros de la crise financière soit derrière nous mais qu'il est trop tôt pour le dire", d'autant "que le marché immobilier américain continue à baisser, ce qui accroît les risques de pertes pour les banques", a souligné le patron du FMI. Les conséquences de la crise financière, "d'une nature assez nouvelle", sur l'économie réelle" sont elles aussi "nouvelles" et ne sont elles pas terminées. C'est là que les canaux de transmission ont besoin d'être mieux compris", a-t-il insisté.

A propos de la Banque centrale européenne (BCE), qui envisage une légère hausse de ses taux d'intérêt en juillet, il a simplement commenté que "l'inflation était redevenue un problème sérieux" et qu'il était "légitime que les banques centrales y consacrent toute leur attention". "Les banques centrales ont (...) géré la crise aussi bien qu'on pouvait l'espérer. Après, elles ont mené une politique monétaire un peu compliquée dans le cadre de prévisions d'une inflation forte et d'un ralentissement de la croissance", a-t-il commenté, sans vouloir se prononcer plus avant sur les cas américain et européen. L'indépendance des banques centrales "est une réalité importante dans le fonctionnement de l'économie", a-t-il fait valoir.

En référence aux propos de la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, qui a indiqué que le G8 pourrait éventuellement confier une mission au FMI sur la transparence des marchés pétroliers, DSK a estimé que le Fonds "pourrait être lié à une réflexion un peu globale à échéance de deux-trois mois sur ce qu'il faut tirer comme conséquences de la crise financière de 2007/2008".

Il a indiqué que le président Sarkozy lui avait envoyé "une lettre il y a plusieurs mois où se trouvait déjà la question de la répartition de la rente pétrolière. Moi, j'élargis par rapport au simple problème pétrolier". Selon lui la forte hausse des prix de l'énergie est "liée à des effets de jeu entre l'offre et la demande", mais aussi "à l'activité financière".

Si le premier choc pétrolier était dû en grande partie à la "volonté des exportateurs de pétrole de réévaluer la valeur de leurs exportations", les prix de l'or noir flambent en 2008 parce que "nous sommes assez proches de la limite des capacités de production". "Pour produire plus il va falloir investir pour aller exploiter de nouvelles ressources", a noté DSK.

Si, selon lui, les subventions au carburant doivent disparaître, à moyen terme car "il faut que le vrai prix de l'énergie soit traduit au consommateur final", à plus court terme il reconnaît qu'il y a "des parties de la population pour lesquelles le carburant est trop cher" et qu'elles peuvent bénéficier de subventions ciblées voire de "transferts de cash".

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La Banque de France ne table plus que sur une croissance de 0,2% au deuxième trimestre

La Tribune.fr - 13/06/08

La banque centrale a abaissé sa prévision précédente de 0,1 point. Fin juin, l'acquis de croissance serait ainsi de 1,5%. Une nouvelle dégradation du climat des affaires dans l'industrie est enregistrée en mai.

La Banque de France prévoit un net ralentissement de la croissance au deuxième trimestre
La Banque de France prévoit un net ralentissement de la croissance au deuxième trimestre
La Banque de France (BdF) a abaissé sa prévision de croissance du PIB français pour le deuxième trimestre 2008 de 0,1 point à 0,2%, selon l'enquête mensuelle de conjoncture publiée ce vendredi. Elle fait par ailleurs état d'une nouvelle dégradation du climat des affaires dans l'industrie dont l'indicateur passe en mai sous sa moyenne de long terme de 100.

L'acquis de croissance pour 2008 à la fin du premier semestre serait ainsi ramené à 1,5%, selon la BdF (contre 1,6% dans l'enquête d'avril). La croissance en France a été de 0,6% au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents, selon l'Insee. Le gouvernement prévoit une croissance du PIB comprise entre 1,7% et 2% sur l'ensemble de l'année en cours.

L'indicateur du climat des affaires dans l'industrie a chuté à 97 en mai après 100 en avril (101 en première estimation), qui correspondait à son plus bas niveau depuis octobre 2005. Selon les chefs d'entreprise interrogés par la Banque de France, l'activité industrielle a enregistré un recul en mai. "L'activité pour les prochains mois devrait légèrement progresser", précise toutefois la BdF.

Le taux d'utilisation des capacités de production a fléchi et s'établit à un niveau légèrement inférieur à sa moyenne de longue période. Le courant de commandes nouvelles a légèrement diminué, du fait de la baisse de la demande tant intérieure qu'étrangère. Le niveau des carnets de commandes apparaît en repli mais demeure jugé supérieur à la normale. Enfin, les stocks de produits finis sont toujours proches du niveau désiré.


latribune.fr

La Chine deviendrait la première puissance économique mondiale

La Tribune.fr - 11/06/08

Selon une étude prospective du cabinet PWC, la Chine détrônerait les Etats-Unis à partir de 2025. Ces deux pays et l'Inde domineront l'économie mondiale à l'horizon 2050.

Le déplacement du centre de gravité du monde économique vers l'Orient se confirme. La Chine va ravir aux Etats-Unis la place de première puissance économique mondiale en 2025, anticipe une étude du cabinet d'audit et de conseil PriceWaterhouseCoopers (PWC) rendue publique ce mercredi. Dans ce scénario, "à horizon 2050, l'économie mondiale serait dominée par trois grandes puissances que seront dans l'ordre la Chine, les Etats-Unis et l'Inde", selon l'étude.

"Le PIB de la Chine représenterait alors 130% du PIB américain, celui de l'Inde près de 90%", poursuit l'enquête, et "le pouvoir d'achat moyen d'un Chinois, d'un Brésilien, ou d'un Turc serait équivalent à celui d'un Français aujourd'hui". A titre de comparaison, la France représenterait 14% de l'économie américaine, contre 17% aujourd'hui.

L'étude souligne cependant que "le rééquilibrage des moteurs de la croissance mondiale est beaucoup plus large et complexe qu'on ne l'a supposé jusqu'à présent". Ainsi, les croissances de la Chine et de la Russie devraient "ralentir dans les prochaines quarante années en passant respectivement de 9,2% et 4,6% en 2007 à 2,8% et 1,2%", en raison du "vieillissement de leur population". "A l'inverse, les jeunes pays que sont l'Inde, l'Indonésie, le Brésil, la Turquie et le Mexique connaîtront une croissance de leur population active", prévoit PWC.

PWC souligne encore le "rôle moteur" de pays émergents comme le Vietnam, dont le PIB pourrait égaler celui de l'Italie, le Nigeria, qui pourrait dépasser l'Afrique du Sud, les Philippines, l'Egypte et le Bengladesh. Quant aux pays du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada), leur croissance "plafonnerait à 2%" à l'horizon 2050.

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Les trois risques : change, taux d'intérêt et... météo

La Tribune.fr - 12/06/08

la chronique du cercle des Economistes


Pourquoi les instruments de couverture météo n'ont pas encore connu un essor plus important, étant donnés le nombre d'acteurs concernés par ce risque et l'ampleur de ce risque pour certaines activités?, s'étonne Catherine Lubochinsky, professeur à l'université de Paris II (Assas).

La désintégration du système monétaire international au début des années 1970, dans un contexte où le dollar s'affirme comme monnaie internationale, s'est traduite par une variabilité accrue des cours de change... à laquelle ont réagi banques et marchés en proposant un ensemble de produits financiers aux entreprises, leur permettant ainsi de couvrir ce risque pouvant détériorer leur rentabilité. Les premiers dérivés financiers standardisés cotés sur les marchés organisés émergent.

La fin des années 1970 se caractérise par une variabilité accrue des taux d'intérêt, à la suite d'une inflation plus forte due aux chocs pétroliers et d'un changement dans les modalités de mise en oeuvre de la politique monétaire américaine. Les entreprises et les institutions financières sont alors confrontées à un risque de taux d'intérêt dont l'ampleur a des répercussions importantes, aux Etats-Unis et en Europe, sur leur activité. Les produits dérivés vont alors remplir leur fonction primordiale, qui est de permettre de gérer les risques.

L'utilité et le succès de ces produits, plus de trente ans après leur apparition sur des marchés organisés, sont indéniables: à partir des données de la Banque des règlements internationaux, on constate que les dérivés de taux, de gré à gré et sur les marchés organisés, sont sans conteste les plus négociés (fin décembre 2007, le montant notionnel des dérivés de taux s'élève à 393.138 milliards de dollars de gré à gré, soit plus des deux tiers des dérivés, et à 72.186 milliards sur les marchés organisés, soit près de 90% des dérivés ainsi cotés).

Certes, les opérations de spéculation représentent l'essentiel des transactions sur les produits dérivés, mais elles contribuent à la liquidité indispensable aux opérateurs en couverture, qui trouvent ainsi à tout instant une contrepartie à leurs opérations.

Deux autres types de produits dérivés se sont développés: au cours de la décennie 80, les dérivés sur actions et, à la fin des années 90, les dérivés de crédit. Ces deux types de dérivés sont plus spécifiquement adaptés à l'activité des intermédiaires financiers et gérants de fonds, dans un contexte de variabilité accrue des marchés boursiers et d'évolution de la réglementation financière prudentielle ("mark to market", risque de contrepartie et "value at risk").

Ils sont nettement moins appropriés à l'activité des agents non financiers, dont les entreprises. Cependant, un risque fondamental demeure dans l'activité économique que les entreprises n'ont pas encore véritablement identifié et quantifié, du moins pour la plupart d'entre elles: le risque météorologique (à ne pas confondre avec le risque climatique, qui est à très long terme).

Car, même si les météorologistes ont nettement amélioré leurs prévisions sur un horizon de quelques jours, au-delà leurs prévisions, tout comme pour celles des économistes, ils ne sont fiables que pour une probabilité donnée... inférieure à 1! Ce risque correspond à la sensibilité des revenus d'une activité issue de variations non prévues de la météo (c'est-à-dire par rapport à une moyenne historique). Il est lié à trois facteurs principaux: la température, les précipitations et le vent.

Qu'il s'agisse des Etats-Unis ou de l'Europe, les estimations révèlent qu'environ 30% de la production industrielle sont sensibles à la météo, c'est-à-dire à l'un, voire plusieurs, de ces facteurs. Or, ce n'est que depuis une dizaine d'années que certaines entreprises mesurent régulièrement leur "météo-sensibilité" et se couvrent contre ces aléas soit à l'aide de contrats d'assurance sur mesure, vendus par les assureurs et certaines banques, soit par des futures ou options cotées au CME (dont le sous-jacent est un écart de température par rapport à 75°F pour les villes américaines et 18°C pour les villes européennes).

Question: pourquoi ces instruments de couverture météo n'ont pas encore connu un essor plus important, étant donnés le nombre d'acteurs concernés par ce risque et l'ampleur de ce risque pour certaines activités? Tout d'abord parce qu'une estimation de ce risque requiert une base de données météo historique, considérable et fiable, que les progrès technologiques dans le traitement des données ont permis de constituer relativement récemment.

Ensuite, comme pour tout produit dérivé, il est nécessaire que le sous-jacent, ici un indice météo, soit calculable aisément, utile pour des intervenants à intérêts opposés, et homogène sur la plus grande zone géographique possible. Enfin, il est indispensable que ces indices aient un minimum de variabilité afin d'attirer des spéculateurs qui contribueront à l'incontournable liquidité.

Dans les faits, de nombreux secteurs sont sensibles à l'un des facteurs de risque météo: le secteur énergie est très sensible aux variations de températures dont dépendent étroitement les variations de la consommation d'électricité, énergie non stockable dont les variations de production à court terme sont coûteuses et productrices de CO2; le secteur agricole est évidemment sensible aux précipitations et à l'ensoleillement (voir les caractéristiques météo des années des crus excellents, l'impôt sécheresse etc.); le secteur alimentaire est aussi "météo sensible" puisque la consommation de certaines boissons est très corrélées avec la température; le secteur touristique n'est pas en reste puisque toute activité de plein air est soumise aux aléas météo (citons par exemple les opéras produits dans Hyde Park ou au Jardin du Luxembourg...). Et bien d'autres encore.

Tout comme Monsieur Jourdain qui fait de la prose sans le savoir, toute entreprise est "météo sensible" sans le savoir! Plusieurs simulations ont même révélé que dans certains cas, le risque météo est plus important que le risque de taux d'intérêt, de change ou de prix des matières premières.

Dans un environnement concurrentiel international, il devient indispensable de gérer les risques pouvant affecter la marge opérationnelle des entreprises. Ce n'est pas parce que l'être humain ne peut influencer la météo que ce risque doit être subi: les entreprises n'influencent ni M. Bernanke, ni M. Trichet dans la détermination des taux d'intérêt et pourtant ... elles gèrent ce risque!

Catherine Lubochinsky, professeur à l'université de Paris II (Assas)

Clash entre BP et ses partenaires russes

La Tribune.fr - 11/06/08

Le différend entre le groupe pétrolier britannique et des investisseurs russes réunis au sein du consortium AAR, Alfa-Access-Renova, devrait être porté devant la justice.

Après plusieurs jours de tensions et de tentatives de rabibochage, le divorce a l'air consommé entre le géant pétrolier britannique BP et ses partenaires russes, réunis au sein du consortium Alfa-Access-Renova (AAR), dans leur filale commune à 50/50 TNK-BP. Ces derniers auraient même prévu de porter leur différend devant la justice. Reste à savoir laquelle.

Moscou a mis le feu aux poudres en faisant convoquer par la police le patron de l'entreprise pour l'entendre à propos de soupçons de fraude fiscale. Mais ce rebondissement n'est venu que souligner l'intensité du bras de fer entre les intérêts russes et britanniques sur ce dossier. Les premiers réclamaient notamment une réduction de 60% des effectifs étrangers, une représentation à parité dans l'ensemble des conseils, et des prérogatives élargies de mandataire pour l'actionnaire russe German Khan.

Ce mercredi, le directeur général de BP Tony Hayward qui présentait le rapport de statistique annuel 2008 de son groupe avait tenté de calmer le jeu, déclarant "nous restons en discussion avec nos associés". En vain apparemment.

latribune.fr

L'enjeu de la confiance dans le système bancaire

La Tribune.fr - 12/06/08

Le banquier doit inspirer confiance par la nature de son activité et par la manière dont il l'exerce, rappelle Bernard Fraigneau, directeur général honoraire de la banque Rothschild.

"N'entendez-vous pas une sourde rumeur d'orage". Avertissement de Méphistophélès (Faust de Goethe). Les éclairs ont embrasé le ciel et déjà, des augures entrevoient le retour au calme. Comme si les colossales pertes déclarées (et à venir) du système bancaire n'étaient qu'un cas d'école à inscrire au menu des thésards!

Comme si l'abondante création monétaire déversée par les banques centrales avait normalisé le marché interbancaire! Comme si les tonitruants appels au secours (augmentations de capital en série) ne devaient pas s'entendre comme des signaux de détresse!

D'autres voix s'élèvent qui se veulent plus responsables; elles réclament des remèdes copies conformes des potions passées, tel le retour au Glass Steagall Act. Pourtant, l'univers marchand n'a plus rien à voir avec celui des années 30. Nous vivons cette immense mutation que représente la conscience de la "fin des certitudes" (Ilya Prigogine). Le temps futur compte maintenant plus que le temps présent, et leur relation se perçoit mathématisée.

C'est bien là la zone d'épandage inévitable et planétaire de l'économie financière actuelle. Ces voix passéistes sont relayées par tous ceux qu'inspirent les relents de la démission collective en approuvant le recours aux puissances publiques, d'autant mieux vu que le Royaume-Uni a montré l'exemple.

L'appui de la Fed dans le "sauvetage" de Bear Stearns sert de modèle: "no bank left behind Act!" Dans les colonnes de La Tribune du 24 avril, Christian Stoffaës, président du conseil du Cepii, déclare comme une évidence: "Les banques gèrent le service public de la monnaie." Pierre Mauroy ne disait pas autre chose quand il prônait, en 1981, la nationalisation des banques.

Le décor est planté: 1) un très grave affaiblissement du système bancaire international dont il faut courageusement prendre toute la mesure; 2) le risque d'une politisation idéologique. Les acteurs (banquiers, autorités de tutelle, organes de régulation) sont appelés à leur devoir. Deux évidences s'imposent: le métier de banquier s'est corrompu dans la fréquentation des jongleurs de la spéculation, dans "la fantasmagorie de la lanterne magique" (toujours Goethe).

L'affaiblissement du système bancaire procède d'un évident dévoiement de l'industrie financière. Convoquer des dépôts, emprunter à d'autres banques, fédérer des actionnaires pour jouer à la loterie, en à-côté des fonctions naturelles du métier, c'est avoir une double vie.

Quand cette exposition équivoque prospère, les bonus et autres pourboires sont gratifiants et on en vient à définir les objectifs de profitabilité en fonction de critères sulfureux, bref on marche sur la tête. Que l'on ne dise pas que "l'affaire" Kerviel est une anomalie à laquelle, spécifiquement, on va remédier. C'est le principe même de ce type de business, déconnecté de la satisfaction des besoins de la clientèle, qui est en question.

Le banquier doit inspirer confiance par la nature de son activité et par la manière dont il l'exerce. Confiance de ses clients, confiance de ses personnels et confiance de ses actionnaires qui, ensemble, constituent sa référence. Quand, pour ne citer que cet exemple, une grande banque fait actuellement la quête (par mailing, par interpellation téléphonique) en offrant une rémunération de 10% à ses dépôts, au-delà donc de toute rationalité économique, croit-elle inspirer confiance? N'est-ce pas plutôt le doute qu'elle insinue chez ses interlocuteurs et contreparties?

La confiance se mérite, elle ne s'achète pas. Dès lors que les banquiers, leurs tutelles, les régulateurs auraient pris en compte cette double "révélation", si évidente pour un acteur d'un autre âge (les perspectives de bonus dussent-elles en souffrir !), une action urgente et énergique devrait être concertée: encadrer les interventions spéculatives dans le périmètre des seuls services requis par la clientèle. Car les métiers de marché sont désormais consubstantiels aux fonctions des gestionnaires d'actifs et de passifs financiers. Un nouveau Glass Steagall Act serait improductif.

Par contre, des règles contraignantes doivent être édictées qui ne justifieraient les montages, interventions et positions que par les "commandes" des clients. Finis donc, interdits, les jeux de casino prétendument fondés sur l'emploi des fonds propres de la banque. Ceux-ci doivent trouver leur rentabilité dans les services exclusifs à la clientèle. Tout industriel autre que financier fonctionne sur cette règle d'or.

Quand il y déroge (anticipation de ses fournitures, jeux sur les devises et/ou les matières premières), il s'expose à des situations dangereuses que son banquier est le premier à lui reprocher. Un grand chantier de régulations s'impose. Il est techniquement complexe tant le business model des banques est contaminé, mais le rétablissement de la confiance passe par là. L'enjeu est de taille.

Bernard Fraigneau, directeur général honoraire de la banque Rothschild

lundi 5 mai 2008

Champions mondiaux : la roue tourne

Il y a seulement cinq ans, le monde non occidental représentait moins de 13% de la capitalisation totale du Top 500. Aujourd'hui, cette proportion a dépassé 28%, rappelle Nicolas Véron, économiste au sein du centre de réflexion européen Bruegel, associé de la société de conseil Ecif.

L'actualité des affaires est, comme l'actualité en général, un miroir déformant. L'attention du public est captée par les désastres comme Northern Rock ou Bear Stearns, ou plus rarement par des succès spectaculaires tels que ceux de Google ou d'ArcelorMittal. Mais d'autres changements qui ne sont pas moins importants ont lieu en silence ou presque. Pour remettre les mutations économiques en perspective, il est donc utile de s'écarter de temps en temps du flux des dernières nouvelles pour regarder le tableau d'ensemble.

L'une des façons de le faire est d'observer qui tient le haut du pavé dans la hiérarchie économique planétaire. Le classement par capitalisation boursière offre une bonne approximation des entreprises qui dominent leur époque. Celle-ci est imparfaite, du fait de bulles boursières locales, de distorsions de change, et surtout parce que certains acteurs ne sont pas cotés en Bourse, ainsi la SNCF, les Caisses d'épargne, la Poste japonaise ou les grands pétroliers d'Etat.

Mais la quasi-totalité des très grands groupes qui ont une activité internationale sont cotés, et leur capitalisation reste l'indicateur de puissance relative le plus pertinent et le plus comparable, d'un pays ou d'un secteur à l'autre, qui soit publiquement disponible. Les chiffres qui suivent sont calculés à partir du classement des 500 premières capitalisations mesurées en dollars depuis 1998 par le Financial Times (FT Global 500). L'observation de ce "Top 500", dont la composition change un peu à chaque nouvelle mesure, révèle un capitalisme mondial qui bouge à toute vitesse.

L'aspect le plus étonnant est la rapidité avec laquelle l'élite des entreprises mondiales devient multipolaire. Il y a seulement cinq ans, fin mars 2003, le monde non occidental (hors Europe, Etats-Unis et Canada) représentait moins de 13% de la capitalisation totale du Top 500; aujourd'hui (fin mars 2008), cette proportion a dépassé 28%, en dépit de la relative stagnation japonaise, de la sous-évaluation des monnaies asiatiques et du Golfe, et de l'éclatement récent des bulles boursières chinoise et indienne.

Les pays émergents, qui représentaient 2% du total en 1998, en sont désormais à 20%. La Chine et Hong Kong représentent une petite moitié de ce segment. Quant au Brésil, à l'Inde et à la Russie, ils ne rassemblaient ensemble que trois entreprises dans le Top 500 en 1998, mais en sont aujourd'hui à 35, représentant 7% de la capitalisation cumulée.

Il y a un an, les cinq premières entreprises mondiales étaient encore toutes américaines (ExxonMobil, GE, Microsoft, Citi et AT&T); aujourd'hui, elles ne sont que deux sur cinq (ExxonMobil et GE), aux côtés de PetroChina, Gazprom et China Mobile.

La raison en est évidemment la croissance très forte de ces pays, et surtout leur adoption accélérée du modèle de la grande entreprise privée (ou partiellement privatisée et cotée, comme Gazprom et la plupart des géants chinois), qui était jusqu'à récemment l'apanage de l'Occident et du Japon. Certains rythmes de croissance sont époustouflants.

L'opérateur téléphonique mobile indien Reliance Communications a démarré son activité en 1999. Fin mars, après le dégonflement de la bulle boursière indienne, il valait plus de 26 milliards de dollars. Cette dynamique de rattrapage n'est pas près de s'arrêter, et il paraît raisonnable de prédire que l'Asie (actuellement 20% de la capitalisation du Top 500, contre 10% en 2003) dépassera soit l'Europe (33%, hors Russie), soit l'Amérique du Nord (40%), et peut-être les deux, dès la première moitié de la prochaine décennie. Les "multinationales émergentes" sont encore exotiques, mais ne sont plus du tout marginales.

En complément des aspects géographiques, l'analyse sectorielle fait également ressortir des évolutions marquantes. Le poids relatif du secteur financier (hors assurances) avait augmenté pendant des années, passant de 14,5% de la capitalisation du Top 500 en 1998 à plus de 24% fin juin 2007.

La crise financière l'a ramené à un peu plus de 18% du total fin mars 2008; plus d'un quart vient des pays émergents, dont le secteur financier vaut désormais nettement plus en Bourse que l'équivalent américain. La part des groupes de matières premières (hydrocarbures et mines) est passée de moins 7% du total en 1998, lorsque les cours du pétrole étaient bas, à 18% en mars 2008, dont près des deux cinquièmes correspondant à des entreprises des pays émergents.

Chaque secteur a sa dynamique propre. Les Américains restent dominants dans les services aux entreprises (68% de la capitalisation cumulée du secteur, dont le trio de tête Microsoft, IBM et Oracle) et dans le secteur santé-pharmacie (61%), mais l'importance relative de ce dernier est en baisse depuis dix ans. Les émergents sont surreprésentés dans les télécoms (38% de la capitalisation mondiale), mais peu présents dans les autres secteurs de grande consommation (alimentaire, loisirs, distribution), moins régulés, et où les Occidentaux ont capté une part de leur croissance.

Les Européens règnent en maîtres sur le secteur de l'électricité, très fragmenté aux Etats-Unis et pas encore privatisé en Chine, avec EDF en n° 1 mondial. Plus généralement, ces chiffres sont en apparence rassurants pour l'Europe. Sa part relative est stable à un peu moins d'un tiers du total, alors que celle des Etats-Unis s'est effondrée en cinq ans, de 57% en mars 2003 à 36% en mars 2008, ce que n'expliquent qu'en partie les effets de change.

La France fait encore mieux, passant de 3,9% en 1998 à 4,7% en 2003 et 6,6% en mars 2008 (dont 0,8% pour EDF et GDF, qui n'étaient pas cotés en 2003). Il y a donc de quoi être fiers de nos champions. Mais pas de quoi pavoiser non plus: comme cette chronique le notait le mois dernier, nous avons plus de mal que les autres à faire émerger de nouvelles très grandes entreprises, et nos grands groupes sont un peu comme des chênes vigoureux sous lesquels rien ne pousse.

Or, à mesure que les jeunes géants des pays émergents se déploieront sur les mêmes marchés que les nôtres, il sera essentiel de faire preuve de capacité de renouvellement. Le paysage des plus puissantes entreprises mondiales change si vite que nos succès passés ne peuvent être pris que comme des encouragements, et pas des garanties, pour l'avenir.

Nicolas Véron, économiste au sein du centre de réflexion européen Bruegel, associé de la société de conseil Ecif

La crise n'est pas finie



En apparence, c'est l'été. Il n'y a pas de récession américaine au coin de la rue. Les chiffres de l'emploi aux États-Unis sont plutôt rassurants. Et le net rebond des marchés boursiers montre que nombre d'investisseurs pensent que le pire de la crise financière est derrière nous. Avec pour argument massue la quasi-certitude que les banques centrales feront tout pour éviter qu'une faillite bancaire ne provoque une panique. Passer aussi brutalement d'un excès de pessimisme à un excès d'optimisme est aller vite en besogne. De nombreux observateurs, à commencer par le FMI, restent dans la crainte d'une possible réplique dans le séisme qui secoue la finance mondiale depuis l'été 2007. Que constatons-nous en effet ? Le marché interbancaireet monétaire ne fonctionne que sous la perfusion des injections régulières de liquidités des banques centrales. Cela n'est pas normal. Cela s'explique par le fait que les banques n'ont provisionné que 270 milliards de dollars, soit le quart seulement du risque maximum de pertes envisagé sur les subprimes, ces prêts immobiliers à risques aujourd'hui en défaut de paiement. Autre signe inquiétant, la Fed en est déjà à tenter de circonscrire la suite de la crise des subprimes, qui pourrait désormais contaminer le marché des cartes de crédit. Après les travailleurs pauvres, scandaleusement poussés à se surendetter, les classes moyennes américaines risquent de ne pouvoir faire face à leurs échéances si le chômage remonte fortement. Dire que la crise financière est terminée est donc courir le risque de l'aveuglement. Seule certitude, c'est désormais dans la pertinence des réponses économiques qui y seront apportées que réside le salut. Face à la ponction exercée sur le pouvoir d'achat des ménages par la poussée de l'inflation, les gouvernements sont incités à rééquilibrer leurs politiques économiques dans le sens d'une meilleure redistribution. C'est aux Etats-Unis le plan d'urgence de George W. Bush de relance qui va conduire des millions d'Américains à recevoir un chèque du Trésor public. C'est en France le " paquet fiscal " de Nicolas Sarkozy, désormais présenté comme un amortisseur à la crise, après avoir été vendu comme le vecteur d'un " choc de confiance "... que l'on attend encore.


Philippe Mabille

www.latribune.fr

Remettre les paysans au coeur des politiques agricoles et de recherche-développement


Il faudra produire plus, beaucoup plus, sans pour autant accentuer les pressions environnementales sur les écosystèmes. Il faudra donc accomplir la révolution de l'agriculture durable, plaide Luc Guyau, président des chambres d'agriculture.

Depuis quelques mois, l'évolution des prix mondiaux des denrées agricoles est devenue le sujet d'actualité incontournable. Les émeutes, provoquées par la hausse du coût de l'alimentation dans les grandes villes d'Haïti, des pays subsahariens, d'Asie et de Méditerranée, sont largement commentées.

Les institutions internationales sonnent l'alarme et prônent une réorientation de leurs politiques au profit de l'agriculture. Le débat fait rage sur les causes, les responsabilités et les remèdes. Economistes, responsables politiques, ONG, tous avancent leurs explications et leurs solutions, souvent pertinentes.

Pourtant, les acteurs principaux sont étrangement inaudibles dans ce débat. En tant que président des Chambres d'agriculture, il me paraît aujourd'hui primordial de faire entendre le point de vue des agriculteurs. Les agriculteurs des pays du Sud ont été limités dans leurs capacités de production et d'organisation par des politiques d'ajustement et de libéralisation des marchés prônées par les grandes institutions internationales.

Quant à nous, agriculteurs des pays riches, alors que les organisations de marché, mises en place au sortir de la seconde guerre mondiale, nous avaient permis de gagner le pari de l'autosuffisance alimentaire, nous sommes aujourd'hui confrontés à des prix erratiques et à leur cohorte de conjonctures parfois favorables, parfois difficiles. La situation actuelle, en France et en Europe, des éleveurs de porcs, confrontés à une stagnation du prix du porc et une explosion du coût de l'alimentation du bétail, est en cela significative.

Ce bref rappel des faits souligne que l'agriculture est une activité qui, pour économique et centrale qu'elle soit, ne "s'ajuste" pas d'un claquement de doigts. Pour pouvoir investir et produire, nous, agriculteurs du Nord et du Sud, avons besoin d'une visibilité des prix sur le long terme. Dans un contexte de globalisation des épizooties et de changement climatique lourd de conséquences, ces besoins d'anticipation et de stabilité renvoient à l'impérieuse nécessité de politiques agricoles et alimentaires fortes, au Nord, mais plus encore au Sud.

Ces politiques doivent autoriser et encourager l'organisation des producteurs, garantir la régulation et la stabilisation des marchés et comporter des mécanismes d'assurance et de gestion des risques climatiques et sanitaires. C'est à ces conditions seulement que les agriculteurs pourront relever le défi de la sécurité alimentaire, pour eux-mêmes et pour l'ensemble de la population.

Au-delà, compte tenu de l'évolution démographique, pour nourrir la population d'aujourd'hui, et plus encore celle de demain, il faudra produire plus, beaucoup plus, sans pour autant accentuer les pressions environnementales sur les écosystèmes. Il faudra donc accomplir la révolution de l'agriculture durable!

Cette révolution suppose tout d'abord de relever le défi de la recherche et de l'innovation agronomique qui répondrait aux attentes de la société en matière de qualité et de traçabilité des produits, et qui capitaliserait sur les savoir-faire et l'expérience au quotidien des agriculteurs du Nord et du Sud. Cette révolution suppose également une large diffusion des innovations et un accompagnement au plus près des agriculteurs sur le terrain.

A cet égard, les chambres d'agriculture, qui représentent l'agriculture française dans sa diversité avec 4.300 élus, ont une responsabilité majeure. Elles formulent des recommandations sur les politiques agricoles européennes, mondiales et locales. Elles jouent un rôle de médiation essentiel entre les différents acteurs locaux.

Leurs techniciens forment ou conseillent chaque année plus d'un agriculteur sur deux sur la gestion de leur exploitation, la prise en compte de l'environnement, la mise en place de filières de qualité, fers de lance de la dynamique des territoires. Au Nord comme au Sud, la prise en main de leur développement par les agriculteurs eux-mêmes est essentielle au succès d'une démarche de modernisation ambitieuse et adaptée à la réalité des situations de terrain.

Ne nous y trompons pas: la révolution des agricultures durables passera par des organisations de producteurs fortes ou ne passera pas!

Luc Guyau, président des chambres d'agriculture

vendredi 2 mai 2008

La peur de l'inflation se renforce aux Etats-Unis sur fond de vraie-fausse récession

Si la croissance s'est maintenue à 0,6 % en rythme annuel au premier trimestre, la récession est dans tous les esprits outre-Atlantique. Pour beaucoup d'économistes, elle va rapidement se traduire dans les chiffres. La Réserve fédérale américaine, qui a abaissé son principal taux directeur d'un quart de point mercredi, semble, de son côté, davantage préoccupée par le niveau de l'inflation.

On en saura sans doute un peu plus sur l'état de l'économie américaine, aujourd'hui, après la publication très attendue des chiffres de l'emploi en avril. Est-elle en récession ? Toujours pas, si l'on se fie aux chiffres du produit intérieur brut (PIB), publiés mercredi. Du moins en apparence. La croissance s'est maintenue à 0,6 % au premier trimestre en rythme annuel. Mais elle vient « pratiquement intégralement d'une hausse des stocks, d'ailleurs pas toujours volontaire, souligne Brian Bethune, le chef économiste de Global Insight. En conséquence, il y a de grandes chances que l'économie se contracte au deuxième trimestre. Le bénéfice des chèques de remises d'impôts sera partiellement effacé par la hausse du prix de l'essence ». Les seules bonnes nouvelles dans la composition du PIB au premier trimestre viennent, outre de la hausse des stocks, de celle des exportations (+ 0,2 %), néanmoins tempérée par une reprise des importations.
Ménages économes
Ce qui préoccupe les économistes, c'est la faible progression de la consommation des ménages sur les trois premiers mois de l'année. Et pour beaucoup d'entre eux, la récession se lit dans les faits et gestes des consommateurs. Sur un rythme annualisé, les dépenses des ménages ont en effet enregistré entre janvier et mars la plus faible progression depuis 1995. Hier, le ministère du Commerce a indiqué qu'elles avaient progressé de 0,4 % au mois de mars, mais seulement de 0,1 % hors inflation. Les foyers américains se concentrent désormais sur l'indispensable : dépenses de santé, électricité et logement. Tout le reste - voitures, mobilier, loisirs, etc. - est visiblement sacrifié pour pouvoir continuer à payer un carburant et des produits alimentaires toujours plus chers. Quand on sait que la consommation assure 70 % de l'activité économique outre-Atlantique, cette tendance est préoccupante.
Par ailleurs, l'inflation ne donne guère de signe d'affaiblissement, ce qui inquiète à nouveau la Réserve fédérale. En abaissant d'un quart de point son principal taux directeur mercredi, pour le ramener à 2 %, la banque centrale a noté dans son communiqué que « l'activité économique demeure faible » et que « l'incertitude sur le développement de l'inflation est élevé ». Sur douze mois, la hausse des prix atteint 4 % en rythme annuel et, hors énergie et alimentation, 2,1 %.
La Réserve fédérale ne s'interdit pas, toutefois, de procéder à de nouvelles réductions des taux, alors que beaucoup attendaient l'annonce d'une pause officielle. « Le comité a besoin de flexibilité pour agir à nouveau s'il y avait de nouvelles surprises », explique Joel Naroff, le chef économiste de la banque Commerce Online. De son côté, Brian Bethune parie sur une reprise de la baisse des taux au deuxième semestre 2008. Pour lui, ils s'établiraient à 1,50 % à la fin de l'année. Toutefois, le sentiment général est que la Réserve fédérale va attendre de pouvoir constater l'impact de ses précédents assouplissements monétaires sur l'économie avant d'agir à nouveau. D'autant que l'activité du premier trimestre n'a pas encore permis d'évaluer les effets de sa politique.
Signaux de crise
Les dépenses d'investissements ont reculé de 2,5 % en rythme annualisé, tandis que l'immobilier résidentiel s'est écroulé de 26,7 %. « La chute des prix de l'immobilier, des conditions de crédit plus astreignantes et les prix croissants de l'alimentaire et de l'essence ont été exacerbés par un marché de l'emploi qui s'est affaibli ces derniers mois », observe Peter Kretzmer, économiste chez Bank of America. En mars, les Etats-Unis ont perdu 80.000 emplois et le taux de chômage a atteint 5,1 %. En avril, les experts tablent sur 70.000 suppressions de postes, au moins.
Pour l'heure, c'est le dollar qui a retrouvé de la vitalité. Il est à son niveau le plus haut depuis cinq semaines et a gagné 1,1 % face à l'euro au mois d'avril. Peut-être le signe que les spéculateurs estiment que l'on a touché le fond.
VIRGINIE ROBERT
www.lesechos.fr

jeudi 1 mai 2008

Les cours du pétrole reculent après les stocks américains

Les stocks de brut aux Etats-Unis ont augmenté plus que prévu la semaine dernière, affichant une hausse de 3,8 millions de barils. Du coup, les cours fléchissent, d'autant que le dollar se raffermit.

Les stocks de brut aux Etats-Unis ont augmenté plus que prévu la semaine dernière, affichant une hausse de 3,8 millions de barils à 319,9 millions alors que les économistes attendaient en moyenne une progression de 300.000 barils seulement.
Les stocks de brut aux Etats-Unis ont augmenté plus que prévu la semaine dernière, affichant une hausse de 3,8 millions de barils à 319,9 millions alors que les économistes attendaient en moyenne une progression de 300.000 barils seulement.
Les cours du pétrole ont accentué leur recul ce mercredi après l'annonce d'une hausse bien plus marquée que prévu des stocks américains de brut. Vers 15 h 05 GMT, le contrat pour juin sur le brut léger américain perdait 1,55 dollar, soit 1,34%, à 114,10 dollars le baril, et le Brent cédait 1,38 dollar (1,22%) à 112,05 dollars.

Les stocks de brut aux Etats-Unis ont augmenté plus que prévu la semaine dernière, affichant une hausse de 3,8 millions de barils à 319,9 millions alors que les économistes attendaient en moyenne une progression de 300.000 barils seulement.

Les stocks d'essence ont parallèlement diminué de 1,5 million de barils, alors que le marché anticipait une baisse de 700.000 barils, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Les réserves de produits distillés, qui incluent le fioul domestique, sont en hausse de 1,1 million de barils, contre -100.000 attendu.

Les cours avaient déjà reculé avant ces chiffres grâce notamment à la reprise du travail après une grève chez Exxon Mobil au Nigeria. Ce mouvement à la baisse tient aussi au raffermissement du dollar, après des statistiques sur la croissance américaine meilleures que prévu.


latribune.fr

La banque Wachovia forcée de provisionner

Elle va devoir provisionner 800 millions à un milliard de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre en raison d'une décision de justice.

La cinquième banque américaine, Wachovia, qu'on savait touchée de plein fouet par la crise immobilière et le ralentissement économique des Etats-Unis, est obligée de passer d'importantes provisions.

Elle a annoncé ce mercredi qu'elle allait devoir provisionner entre 800 millions et un milliard de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre.

Ce n'est pas la faute du subprime mais d'une récente décision de justice qui a concerné sa concurrente BB&T Corporation, opposée à l'état américain. Ces provisions concernent une activité de leasing d'équipements technologiques, pour la période allant de 1999 à 2003, date à laquelle Wachovia a cessé de proposer ce type d'activités.

latribune.fr

La Fed baisse encore ses taux d'un quart de point

La banque centrale américaine a poursuivi ce mercredi soir son cycle de baisse de ses taux d'intérêt. Mais ce dernier pourrait prendre fin.

En septembre dernier, les taux américains se situaient encore à plus de 5%
En septembre dernier, les taux américains se situaient encore à plus de 5%
Aux Etats-Unis, la banque centrale américaine (Fed) a terminé ce mercredi soir sa traditionnelle réunion mensuelle de deux jours en annonçant une nouvelle baisse de ses taux d'intérêt. Elle les réduit encore d'un quart de point pour redescendre à 2%. Elle baisse aussi son taux d'escompte d'un quart de point pour le ramener à 2,25%.

Le cycle baissier amorcé par la Réserve fédérale depuis septembre quand les taux étaient encore à 5,25% se poursuit donc alors que la crise du subprime continue d'affecter les Etats-Unis où la croissance est au ralenti même si la récession attendue tarde à se manifester comme en témoigne le chiffre du PIB (produit intérieur brut) en première estimation pour le premier trimestre dévoilé ce jour : +0,6%.

Mais si la Fed a encore fait un effort pour essayer de redonner un peu de tonus à l'économie américaine, en en soulignant la faiblesse actuelle, notamment pour les dépenses des ménages et des entreprises et en affichant sa crainte des conséquences de la crise actuelle du crédit, de la Bourse et de l'immobilier pour les trimestres à venir, elle pourrait bientôt mettre fin à ces reculs et adopter le statu quo. Car elle regarde aussi de près l'évolution des prix qui continue à être sensible, notamment pour les produits alimentaires et pour l'énergie, même si la réserve fédérale souligne que la tendance inflationniste actuelle tend à se calmer.

latribune.fr

mardi 29 avril 2008

Le président de l'Opep évoque un baril à 200 dollars

Dans une déclaration au quotidien algérien El Modjahid, Chakib Khalil craint les conséquences d'une poursuite de la chute du dollar.

"Le prix du baril est désormais indexé à la hausse ou à la baisse du dollar" a dit le président de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole .
"Le prix du baril est désormais indexé à la hausse ou à la baisse du dollar" a dit le président de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole .
Chakib Khalil, le ministre algérien de l'Energie et des mines qui est également le président actuel de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP) met les pieds dans le plat à l'heure où le prix du baril a atteint de nouveaux records tout près des 120 dollars.

Dans une déclaration publié ce lundi par le quotidien algérien El Moudjahid, il n'exclut pas de voir ce prix du baril continuer à flamber et atteindre les 200 dollars.

Il souligne en effet que "le prix du baril est désormais indexé à la hausse ou à la baisse du dollar. Une baisse de 1% du dollar, provoque une hausse de 4 dollars par baril. Dans le cas d'une hausse de 10% du dollar, il y a fort à parier que le prix du baril chutera de 40 dollars".

Le ministre tente donc à la fois de ne pas mettre de l'huile (sans mauvais jeu de mots) sur le feu. "En termes de fondamentaux, les stocks sont élevés, la demande est en baisse et l'offre est satisfaisante. Normalement, sans problèmes géopolitiques et la baisse du dollar, les prix du pétrole ne seraient pas à leur niveau actuel".

Il estime en effet que "les prix du pétrole sont élevés du fait de la récession aux Etats-Unis et la crise économique touchant plusieurs pays, qui influe sur la valeur du dollar. Si la situation américaine arrivait à se stabiliser d'ici la fin de l'année, cela aiderait à les cours à se stabiliser".

Pas question en revanche à ses yeux de modifier la politique de l'Opep : "je ne pense pas qu'une augmentation de la production aiderait les prix à baisser puisqu'il y a un équilibre entre l'offre et la demande, que les stocks d'essence aux Etats-Unis enregistrent un excèdent et qu'ils sont à leur plus haut niveau depuis cinq ans". Pas question non plus de convoquer une réunion extraordinaire de l'OPEP : "les objectifs de l'OPEP ne sont pas de baisser ou d'augmenter les prix du pétrole, mais de répondre aux besoins du marché" a-t-il souligné.


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Réunion de la Fed qui se prépare à une nouvelle baisse des taux

La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait opter pour une nouvelle baisse des taux afin de soutenir davantage l'économie. Toutefois la détente monétaire devrait être moins forte que celle décidée lors des réunions précédentes. A cette occasion, la banque pourrait laisse entendre que le cycle de baisse touche à sa fin car l'inflation l'inquiète.

Les marchés devraient être dans l'expectative en attendant la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) ce mardi et demain mercredi. La Réserve fédérale a déjà réduit de trois points son principal taux directeur depuis la mi-septembre pour tenter de contrer le ralentissement économique engagé aux États-Unis dans le sillage du retournement du marché immobilier qui a provoqué une crise des crédits à risque "subprime", puis une crise de l'ensemble des marchés de crédit.

Depuis l'automne dernier, la Banque centrale a réduit six fois le taux des Fed funds, le faisant revenir de 5,25% à 2,25%. Et selon toute vraisemblance, les observateurs tablent sur une nouvelle baisse cette semaine, mais cette fois de 25 points de base - contre une détente de 75 points le mois dernier. De surcroît, les pronostics sont plus incertains puisque les futures sur taux estiment qu'il y a une chance sur cinq que la banque centrale choisisse le statu quo.

Une nouvelle détente monétaire reste cependant l'hypothèse la plus vraisemblable, avec une probabilité estimée à 80% par les analystes, mais le communiqué qui accompagnera la décision pourrait aussi indiquer que la baisse de taux de cette semaine sera la dernière du cycle actuel.

La première estimation du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis au premier trimestre permettra quant à elle, mercredi, de faire le point sur l'autre risque qui plane sur l'économie, celui de la récession. Les économistes attendent en moyenne une croissance anémique de 0,2% en rythme annuel. Il s'agirait de la plus faible performance depuis les derniers mois de 2002.

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vendredi 25 avril 2008

Pas de formule miracle pour le FMI


par Agnès Bénassy-Quéré et Lionel Fontagné du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii).

Alors que la gouvernance économique mondiale est au coeur de toutes les préoccupations, la décision de modifier les règles de représentation dans l'organisation phare de la régulation financière mondiale, pour mieux prendre en compte la montée en puissance des pays émergents, ne passera pas inaperçue. D'autant qu'on a choisi une nouvelle formule de calcul... dont on se gardera bien d'appliquer pleinement les résultats!

Lors des assemblées d'avril, le comité monétaire et financier du Fonds monétaire international (FMI) a en effet approuvé la réforme des quotes-parts qui avait été proposée fin mars par le conseil d'administration du Fonds. Les 185 États membres vont maintenant procéder au vote, et la réforme devrait être adoptée dans les semaines qui viennent. Ainsi s'achève un marathon de près de deux ans pour tenter de rééquilibrer les pouvoirs au sein de cette institution décidément bien chahutée. En septembre 2006, à Singapour, les 185 États membres avaient décidé de relever immédiatement les quotes-parts (et, donc, les droits de vote) de quatre pays particulièrement sous-représentés -Chine, Corée, Mexique et Turquie- et de modifier la formule de calcul des quotes-parts au plus tard au printemps de 2008. Nous y sommes.

La réforme adoptée comporte trois volets: une nouvelle formule de calcul qui se substitue aux cinq formules précédemment utilisées; un triplement des droits de vote de base -les droits alloués à chaque État membre indépendamment de sa quote-part-; et des administrateurs adjoints supplémentaires pour les deux circonscriptions africaines, particulièrement chargées en nombre de pays mais légères en droits de vote. Le triplement des droits de vote de base va permettre à 135 pays (sur 185) de peser davantage sur les décisions du Fonds. Ainsi, le plus petit État membre -Palau- va voir son droit de vote presque multiplié par trois pour atteindre... 0,031 % des voix.

De fait, au terme de la réforme, 89 pays auront toujours un droit de vote inférieur à 0,1 %, et seuls 12 pays d'Afrique subsaharienne dépasseront ce seuil. Pour ces pays, la nomination d'un second administrateur adjoint est sans doute plus importante que la hausse des droits de vote.

Pour les grandes économies émergentes, c'est au contraire le changement dans la formule de calcul des quotes-parts qui va compter. En particulier, la nouvelle formule tient compte du PIB mesuré en parité de pouvoir d'achat, c'est-à-dire en supposant que les niveaux de prix soient les mêmes partout dans le monde. Cela conduit à relever fortement la quote-part de la Chine et d'autres grandes économies émergentes.

Les plus gros perdants sont le Royaume-Uni et la France. Toutefois, la nouvelle formule ne s'applique pas brutalement (pas plus que le système opaque qu'elle remplace). Elle ne fait que fournir une indication pour les réajustements. Ainsi, la quote-part théorique de la Chine serait de 6,39 % selon la nouvelle formule, mais elle ne sera que de 3,997 % après cette réforme, tandis que la France bénéficiera encore d'une quote-part de 4,506 %, soit plus que le chiffre théorique de 4,016 %.

Ironie de la réforme, les États-Unis, qui bénéficient déjà d'un pouvoir de veto avec plus de 17 % des droits de vote, voient leur quote-part théorique augmenter avec la nouvelle formule. Grands seigneurs, ils renoncent à une partie de leurs nouveaux droits, suivis en cela par l'Allemagne, le Japon et quelques autres pays.

En réalité, les États-Unis ont tout intérêt à terme à cette réforme pérennisant leur position au sein de l'institution: selon les estimations du Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales), la nouvelle formule conduit à une forte augmentation de la quote-part chinoise (+4,5 points de pourcentage) d'ici à 2030 et à une baisse presque équivalente (-4 points) de celle de la zone euro, tandis que les États-Unis parviennent peu ou prou à maintenir leur part. Quant à la quote-part agrégée des pays d'Afrique subsaharienne, elle stagne à 1,5 % (1 % si l'on retire l'Afrique du Sud), même si les droits de vote de base relèvent un peu ce chiffre pour les droits de vote. Ainsi, la réforme est loin de rééquilibrer les pouvoirs au sein du Fonds. Comme le dit son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, c'est un premier pas.

Agnès Bénassy-Quéré et Lionel Fontagné du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii).

latribune.fr

Porsche veut faire de Volkswagen une entreprise "normale"

L'assemblée générale des actionnaires s'est transformée en passe d'armes entre salariés et élus du Land de Basse Saxe d'un côté et Porsche de l'autre. Les premiers craignent de perdre leurs pouvoirs dès que la marque légendaire, probablement à l'été, prendra la majorité absolue du capital du premier constructeur européen.

On s'attendait à une assemblée générale longue et agitée. Les quelque 2.600 actionnaires venus à Hambourg hier n'ont pas été déçus. Martin Winterkorn, le président du directoire, a eu beau vanter les performances du premier constructeur européen alors que les nuages commencent à s'accumuler sur l'environnement international, ce n'est pas vraiment ce qui a intéressé les actionnaires, dont la faible présence a surpris quand on sait qu'ils avaient été plus de 4.000 à venir chez Porsche et sont régulièrement plus de 8.000 chez Mercedes ou Siemens.

Ceux-ci voulaient surtout savoir quelle va être l'issue de la passe d'armes qui oppose depuis l'automne Porsche, qui veut les pleins pouvoirs quand il aura fait passer sa participation d'aujourd'hui 31% à plus de 50%, aux salariés et au Land de Basse Saxe qui entendent bien conserver leurs prérogatives.

"Cette bagarre ne limite t-elle pas la marge de manoeuvre de la direction du groupe?" s'est inquiété un actionnaire en s'adressant au patron de Porsche, Wendelin Wiedeking. "Pourquoi des critiques aussi massives sur la loi Volkswagen, M. Wiedeking ?" s'est indigné un salarié, en estimant que ce qui s'est passé chez Nokia à Bochum et chez Siemens dans les téléphones portables justifiait que le Land de Basse Saxe conserve sa minorité de blocage et les syndicats leur droit de regard sur les grandes décisions.

Le patron de Porsche n'a pas eu droit cependant à la parole. S'appuyant sur le droit allemand des sociétés, le président du conseil de surveillance de Volkswagen, Ferdinand Piëch, a répondu qu'il n'acceptait aucune des questions qui s'adressaient à un membre actuel du conseil ou un membre futur.

C'est finalement le directeur juridique de la marque légendaire qui a expliqué pourquoi Porsche avait déposé une résolution destinée à modifier certains paragraphes des statuts pour se mettre en conformité avec le jugement de la Cour européenne de justice. Et de s'opposer avec virulence aux arguments avancés peu avant par le ministre des Finances du Land de Basse Saxe.

En octobre, la Cour européenne a condamné la loi Volkswagen qui garantit notamment aux salariés et à l'Etat de Basse Saxe un droit de veto sur les décisions stratégiques. Si l'Etat de Basse Saxe a compris qu'il ne pourrait plus conserver son statut particulier qui lui assure notamment deux sièges automatiques au conseil et le plafonnement à 20% des droits de vote d'un actionnaire, il tient en revanche à laisser à 80% la majorité nécessaire lors d'une assemblée générale pour des décisions importantes.

"Nous prenons au sérieux vos craintes et critiques", a d'abord indiqué le manager de Porsche en assurant que l'objectif final n'était pas d'affaiblir Volkswagen ou de le démanteler mais bien de saisir "la chance historique qui nous permet de façonner un groupe automobile inégalable".

Il a assuré au passage qu'il ne prévoyait aucune suppression d'emplois chez VW et que Porsche avait même proposé à la Basse-Saxe "d'assurer par contrat la pérennité des sites de VW en Allemagne". Il a estimé indispensable en revanche une modification immédiate des statuts pour que Volkswagen devienne une société normale avec des statuts conformes à ceux des autres.

Dès qu'il aura obtenu le feu vert des différents offices de cartel, au plus tard après l'été, Porsche veut faire monter sa participation à plus de 50%, a indiqué à La Tribune le porte-parole du groupe de Stuttgart. Pour l'instant toutefois, il risque de subir un certain revers, sa résolution ne devant pas obtenir les 80% des droits de vote présents nécessaires. Le vote devait débuter en début de soirée.

Une situation qui ne l'empêche pas déjà d'imposer ses vues au conseil de surveillance dans lequel il détient désormais directement quatre des dix sièges détenus par les représentants du capital. Wolfgang Porsche, président du conseil de surveillance, devait être élu à l'issue de l'assemblée au conseil de Volkswagen. Mais en présentant une résolution visant à modifier les statuts, Porsche s'est laissé ouverte la possibilité à terme de déposer plainte devant les tribunaux pour obtenir gain de cause.

Dans un premier temps, il va devoir affronter les représentants des salariés de Volkswagen mardi prochain devant les tribunaux. Le comité d'entreprise a déposé plainte sur la constitution du conseil de surveillance de Porsche SE, la nouvelle holding du groupe. Trois seulement des six sièges accordés aux salariés sont prévus pour Volkswagen, le jour où Porsche détiendra plus de 50% du capital. Les trois autres sont pour les représentants de la marque légendaire. Et ce alors qu'il y a 12.000 salariés chez Porsche et 326.000 chez Volkswagen.

Bénédicte de Peretti, envoyée spéciale à Hambourg