La Banque asiatique de développement a présenté hier son rapport annuel. Il fait état d’une croissance supérieure à 8% dans l’Asie en développement l’an dernier et ne prévoit qu’un léger ralentissement pour 2007.Mais ce dynamisme ne doit pas masquer certains défis, notamment la relation commerciale déséquilibrée qu’entretient l’Asie avec le reste du monde.
Après un millésime 2006 exceptionnel
L’Asie table sur une nouvelle année faste
L ’année2006 restera probablement dans les annales de l’histoire économique de l’Asie. D’après le rapport annuel qu’a publié hier la Banque asiatique de développement (BAD), les pays en développement du continent ont connu l’an dernier une croissance économique inégalée depuis onze ans, à 8,3%.Un excellent millésime qui s’explique d’abord par la vigueur de l’activité en Chine et en Inde. Pour la BAD, les deux mastodontes
ont représenté, à eux seuls, plus des deux tiers de la croissance de la zone. Et cette proportion devrait encore croître au cours des prochaines années. Etant tous deux les piliers du dynamisme régional, les légers ralentissements qu’ils devraient connaître en 2007 auront logiquement un impact sur l’ensemble de l’Asie en développement. En 2007, la banque s’attend ainsi à ce que le produit intérieur brut de la région n’augmente « que » de 7,6%. En septembre dernier, elle tablait sur une hausse de 7,1%… Regardant vers l’avenir, le rapport annuel de la BAD invite toutefois à la vigilance : il serait dommage de ne pas profiter de cette période faste pour mettre en oeuvre les réformes qui s’imposent.
Le principal défi concerne la relation commerciale manifestement déséquilibrée qu’entretient l’Asie avec le reste du monde. En accumulant les excédents commerciaux, nombre de pays se retrouvent à devoir gérer d’énormes quantités de réserves monétaires, « largement supérieures à ce qui est nécessaire ». L’Asie en développement en possède plus de 2.000 milliards de dollars, dont plus de 1.000 milliards pour la seule Chine.
Un périlleux exercice
La gestion de tels trésors est, par définition, un périlleux exercice : pour ne pas prendre de risque, il faut diversifier les devises, donc vendre du billet vert, tout en veillant à ne pas précipiter la baisse de ce dernier. Autre difficulté inhérente
à la gestion des réserves étrangères : ce n’est pas un argent facilement utilisable. N’étant pas libellé en monnaie nationale, il ne permet pas de financer des infrastructures sur place. Plusieurs pays s’orientent donc vers la création
de fonds destinés à être investis dans toutes sortes d’actifs à l’étranger. Le fonds singapourien Temasek sert ainsi d’exemple aux stratèges chinois, qui envisageraient de mobiliser 200 milliards de dollars pour un tel fonds. La BAD appelle donc de ses voeux un rééquilibrage de la machine économique asiatique. Elle compte sur la consommation interne pour prendre le relais du commerce extérieur, par définition trop dépendant des aléas de la conjoncture internationale. En matière de politique monétaire, elle rejoint implicitement les Etats-Unis dans leur croisade pour une appréciation du yuan chinois, en estimant qu’« une hausse des taux d’intérêts et une appréciation des devises nationales» seraient également bienvenues pour procéder à ces ajustements.
G. G.
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