dimanche 15 juin 2008

PSA préparerait un concurrent du Renault Scenic

La Tribune.fr - 13/06/08

La firme devrait dévoiler au Mondial de l'Auto un monospace compact sur la base de la Peugeot 308

Selon la radio BFM, PSA Peugeot Citroën prépare un gros coup pour le Mondial de l'automobile qui se tiendra en octobre prochain à Paris.

La firme devrait en effet y dévoiler un monospace compact sur la base de la Peugeot 308 et qui serait baptisé 3008.

L'objectif de PSA serait de concurrencer le Renault Scenic sur le marché du monospace compact ce qu'elle n'avait pas encore fait jusqu'alors.

latribune.fr

Le pétrole cher pèse sur le marché automobile européen

La Tribune.fr - 13/06/08


Les ventes de voitures neuves en Europe ont replongé de 7,8% en mai sur un an, après une hausse de 9,6% en avril, selon l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). Le marché français fait de la résistance par rapport aux autres pays européens. Renault s'en sort mieux que PSA Peugeot Citroën.

Les ventes de voitures neuves ont replongé de 7,8% sur un an en Europe en mai, après une hausse de 9,6% en avril, annonce ce vendredi l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA), qui y voit l'effet d'une "augmentation massive des prix du carburant".

Au total, 1.334.081 voitures neuves ont été immatriculées en avril dans les vingt-huit pays passés en revue par l'ACEA: les vingt-sept Etats membres de l'Union européenne, moins Chypre et Malte mais plus les trois pays de l'AELE (Islande, Norvège et Suisse).

Sur les cinq premiers mois de l'année, le marché automobile européen affiche un recul de 0,7%. En Europe de l'ouest, précise l'ACEA, les ventes ont baissé d'environ 8% en mai et de 1,5% depuis le début janvier. Les pays récemment entrés dans l'Union affichent pour leur part un recul de 4,2% des ventes par rapport à mai 2007 mais une hausse de 9,8% sur janvier-mai.

Sur le grand marché européen, Volkswagen, numéro du secteur en Europe, a vu ses ventes reculer de 8,1% le mois dernier et Toyota a subi une chute de 21,6%, tandis que les ventes de Nissan ont progressé de 8,4%. Renault a vu ses ventes diminuer de 0,1% en mai tandis que celles du groupe Renault (y compris donc Dacia qui fabrique la Logan) ont baissé de 5,7%.

Le rival de Renault, PSA Peugeot Citroën, est moins bien loti avec une baisse de 7,7% de ses ventes de voitures neuves en mai. Citroën a reculé de 9,9% et Peugeot de 5,9%. Depuis le début de l'année, le groupe affiche un recul de 3,3% alors que le groupe Renault est en territoire positif (+0,8%) grâce à Dacia.

La France est le seul des grands marchés européens à enregistrer une hausse à la fois sur le seul mois de mai (7%) et sur les cinq premiers mois de l'année (5,2%). En Allemagne, les immatriculations de voitures neuves ont baissé de 6% par rapport à mai 2007 mais l'ACEA parle de stabilisation, les chiffres cumulés sur cinq mois montrant une progression de 4,2%.

Les marchés espagnol et italiens sont restés orientés à la baisse le mois dernier, avec des reculs respectifs de 24,3% et 17,6%. Au Royaume-Uni, les immatriculations ont diminué de 3,5% en mai après deux mois de croissance marquée, qui limitent à 0,6% le recul du marché britannique sur janvier-mai.

Ventes mondiales en hausse de 1,1% pour Renault

Le fabricant annonce dans la foulée que ses ventes mondiales ont progressé en mai de 1,1% sur un an, à 219.801 véhicules. Dans un communiqué, le constructeur automobile indique que les ventes de la marque Renault dans le monde ont augmenté de 4,7% le mois dernier. Celles de Dacia ont marqué une baisse de 21,6% et celles de Renault Samsung Motors un recul de 9,7%.

latribune.fr

Le FMI table sur une "croissance molle" durant tout 2008

La Tribune.fr - 13/06/08

Dominique Strauss-Kahn ne voit pas de "redémarrage véritable" de l'économie mondiale avant 2009. Selon le directeur général du FMI, il y a "de bonnes chances pour que le plus gros de la crise financière soit derrière nous".

L'année 2008 sera bien une année économiquement morose. "Nous prévoyons une croissance molle pendant plusieurs trimestres successifs", a prévenu ce vendredi Dominique Strauss-Kahn (DSK), directeur général du Fonds monétaire international (FMI), ajoutant qu'il n'y aurait "de redémarrage véritable qu'en 2009". "Fin 2008-début 2009 aux Etats-Unis, avec un petit décalage pour l'Europe", a-t-il précisé devant quelques journalistes, en marge d'une réunion des ministres des Finances du G8 à Osaka (Japon), comparant la situation économique non pas "à un V mais plutôt à un U".

Il y a "de bonnes chances pour que le plus gros de la crise financière soit derrière nous mais qu'il est trop tôt pour le dire", d'autant "que le marché immobilier américain continue à baisser, ce qui accroît les risques de pertes pour les banques", a souligné le patron du FMI. Les conséquences de la crise financière, "d'une nature assez nouvelle", sur l'économie réelle" sont elles aussi "nouvelles" et ne sont elles pas terminées. C'est là que les canaux de transmission ont besoin d'être mieux compris", a-t-il insisté.

A propos de la Banque centrale européenne (BCE), qui envisage une légère hausse de ses taux d'intérêt en juillet, il a simplement commenté que "l'inflation était redevenue un problème sérieux" et qu'il était "légitime que les banques centrales y consacrent toute leur attention". "Les banques centrales ont (...) géré la crise aussi bien qu'on pouvait l'espérer. Après, elles ont mené une politique monétaire un peu compliquée dans le cadre de prévisions d'une inflation forte et d'un ralentissement de la croissance", a-t-il commenté, sans vouloir se prononcer plus avant sur les cas américain et européen. L'indépendance des banques centrales "est une réalité importante dans le fonctionnement de l'économie", a-t-il fait valoir.

En référence aux propos de la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, qui a indiqué que le G8 pourrait éventuellement confier une mission au FMI sur la transparence des marchés pétroliers, DSK a estimé que le Fonds "pourrait être lié à une réflexion un peu globale à échéance de deux-trois mois sur ce qu'il faut tirer comme conséquences de la crise financière de 2007/2008".

Il a indiqué que le président Sarkozy lui avait envoyé "une lettre il y a plusieurs mois où se trouvait déjà la question de la répartition de la rente pétrolière. Moi, j'élargis par rapport au simple problème pétrolier". Selon lui la forte hausse des prix de l'énergie est "liée à des effets de jeu entre l'offre et la demande", mais aussi "à l'activité financière".

Si le premier choc pétrolier était dû en grande partie à la "volonté des exportateurs de pétrole de réévaluer la valeur de leurs exportations", les prix de l'or noir flambent en 2008 parce que "nous sommes assez proches de la limite des capacités de production". "Pour produire plus il va falloir investir pour aller exploiter de nouvelles ressources", a noté DSK.

Si, selon lui, les subventions au carburant doivent disparaître, à moyen terme car "il faut que le vrai prix de l'énergie soit traduit au consommateur final", à plus court terme il reconnaît qu'il y a "des parties de la population pour lesquelles le carburant est trop cher" et qu'elles peuvent bénéficier de subventions ciblées voire de "transferts de cash".

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La Banque de France ne table plus que sur une croissance de 0,2% au deuxième trimestre

La Tribune.fr - 13/06/08

La banque centrale a abaissé sa prévision précédente de 0,1 point. Fin juin, l'acquis de croissance serait ainsi de 1,5%. Une nouvelle dégradation du climat des affaires dans l'industrie est enregistrée en mai.

La Banque de France prévoit un net ralentissement de la croissance au deuxième trimestre
La Banque de France prévoit un net ralentissement de la croissance au deuxième trimestre
La Banque de France (BdF) a abaissé sa prévision de croissance du PIB français pour le deuxième trimestre 2008 de 0,1 point à 0,2%, selon l'enquête mensuelle de conjoncture publiée ce vendredi. Elle fait par ailleurs état d'une nouvelle dégradation du climat des affaires dans l'industrie dont l'indicateur passe en mai sous sa moyenne de long terme de 100.

L'acquis de croissance pour 2008 à la fin du premier semestre serait ainsi ramené à 1,5%, selon la BdF (contre 1,6% dans l'enquête d'avril). La croissance en France a été de 0,6% au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents, selon l'Insee. Le gouvernement prévoit une croissance du PIB comprise entre 1,7% et 2% sur l'ensemble de l'année en cours.

L'indicateur du climat des affaires dans l'industrie a chuté à 97 en mai après 100 en avril (101 en première estimation), qui correspondait à son plus bas niveau depuis octobre 2005. Selon les chefs d'entreprise interrogés par la Banque de France, l'activité industrielle a enregistré un recul en mai. "L'activité pour les prochains mois devrait légèrement progresser", précise toutefois la BdF.

Le taux d'utilisation des capacités de production a fléchi et s'établit à un niveau légèrement inférieur à sa moyenne de longue période. Le courant de commandes nouvelles a légèrement diminué, du fait de la baisse de la demande tant intérieure qu'étrangère. Le niveau des carnets de commandes apparaît en repli mais demeure jugé supérieur à la normale. Enfin, les stocks de produits finis sont toujours proches du niveau désiré.


latribune.fr

La Chine deviendrait la première puissance économique mondiale

La Tribune.fr - 11/06/08

Selon une étude prospective du cabinet PWC, la Chine détrônerait les Etats-Unis à partir de 2025. Ces deux pays et l'Inde domineront l'économie mondiale à l'horizon 2050.

Le déplacement du centre de gravité du monde économique vers l'Orient se confirme. La Chine va ravir aux Etats-Unis la place de première puissance économique mondiale en 2025, anticipe une étude du cabinet d'audit et de conseil PriceWaterhouseCoopers (PWC) rendue publique ce mercredi. Dans ce scénario, "à horizon 2050, l'économie mondiale serait dominée par trois grandes puissances que seront dans l'ordre la Chine, les Etats-Unis et l'Inde", selon l'étude.

"Le PIB de la Chine représenterait alors 130% du PIB américain, celui de l'Inde près de 90%", poursuit l'enquête, et "le pouvoir d'achat moyen d'un Chinois, d'un Brésilien, ou d'un Turc serait équivalent à celui d'un Français aujourd'hui". A titre de comparaison, la France représenterait 14% de l'économie américaine, contre 17% aujourd'hui.

L'étude souligne cependant que "le rééquilibrage des moteurs de la croissance mondiale est beaucoup plus large et complexe qu'on ne l'a supposé jusqu'à présent". Ainsi, les croissances de la Chine et de la Russie devraient "ralentir dans les prochaines quarante années en passant respectivement de 9,2% et 4,6% en 2007 à 2,8% et 1,2%", en raison du "vieillissement de leur population". "A l'inverse, les jeunes pays que sont l'Inde, l'Indonésie, le Brésil, la Turquie et le Mexique connaîtront une croissance de leur population active", prévoit PWC.

PWC souligne encore le "rôle moteur" de pays émergents comme le Vietnam, dont le PIB pourrait égaler celui de l'Italie, le Nigeria, qui pourrait dépasser l'Afrique du Sud, les Philippines, l'Egypte et le Bengladesh. Quant aux pays du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada), leur croissance "plafonnerait à 2%" à l'horizon 2050.

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Les trois risques : change, taux d'intérêt et... météo

La Tribune.fr - 12/06/08

la chronique du cercle des Economistes


Pourquoi les instruments de couverture météo n'ont pas encore connu un essor plus important, étant donnés le nombre d'acteurs concernés par ce risque et l'ampleur de ce risque pour certaines activités?, s'étonne Catherine Lubochinsky, professeur à l'université de Paris II (Assas).

La désintégration du système monétaire international au début des années 1970, dans un contexte où le dollar s'affirme comme monnaie internationale, s'est traduite par une variabilité accrue des cours de change... à laquelle ont réagi banques et marchés en proposant un ensemble de produits financiers aux entreprises, leur permettant ainsi de couvrir ce risque pouvant détériorer leur rentabilité. Les premiers dérivés financiers standardisés cotés sur les marchés organisés émergent.

La fin des années 1970 se caractérise par une variabilité accrue des taux d'intérêt, à la suite d'une inflation plus forte due aux chocs pétroliers et d'un changement dans les modalités de mise en oeuvre de la politique monétaire américaine. Les entreprises et les institutions financières sont alors confrontées à un risque de taux d'intérêt dont l'ampleur a des répercussions importantes, aux Etats-Unis et en Europe, sur leur activité. Les produits dérivés vont alors remplir leur fonction primordiale, qui est de permettre de gérer les risques.

L'utilité et le succès de ces produits, plus de trente ans après leur apparition sur des marchés organisés, sont indéniables: à partir des données de la Banque des règlements internationaux, on constate que les dérivés de taux, de gré à gré et sur les marchés organisés, sont sans conteste les plus négociés (fin décembre 2007, le montant notionnel des dérivés de taux s'élève à 393.138 milliards de dollars de gré à gré, soit plus des deux tiers des dérivés, et à 72.186 milliards sur les marchés organisés, soit près de 90% des dérivés ainsi cotés).

Certes, les opérations de spéculation représentent l'essentiel des transactions sur les produits dérivés, mais elles contribuent à la liquidité indispensable aux opérateurs en couverture, qui trouvent ainsi à tout instant une contrepartie à leurs opérations.

Deux autres types de produits dérivés se sont développés: au cours de la décennie 80, les dérivés sur actions et, à la fin des années 90, les dérivés de crédit. Ces deux types de dérivés sont plus spécifiquement adaptés à l'activité des intermédiaires financiers et gérants de fonds, dans un contexte de variabilité accrue des marchés boursiers et d'évolution de la réglementation financière prudentielle ("mark to market", risque de contrepartie et "value at risk").

Ils sont nettement moins appropriés à l'activité des agents non financiers, dont les entreprises. Cependant, un risque fondamental demeure dans l'activité économique que les entreprises n'ont pas encore véritablement identifié et quantifié, du moins pour la plupart d'entre elles: le risque météorologique (à ne pas confondre avec le risque climatique, qui est à très long terme).

Car, même si les météorologistes ont nettement amélioré leurs prévisions sur un horizon de quelques jours, au-delà leurs prévisions, tout comme pour celles des économistes, ils ne sont fiables que pour une probabilité donnée... inférieure à 1! Ce risque correspond à la sensibilité des revenus d'une activité issue de variations non prévues de la météo (c'est-à-dire par rapport à une moyenne historique). Il est lié à trois facteurs principaux: la température, les précipitations et le vent.

Qu'il s'agisse des Etats-Unis ou de l'Europe, les estimations révèlent qu'environ 30% de la production industrielle sont sensibles à la météo, c'est-à-dire à l'un, voire plusieurs, de ces facteurs. Or, ce n'est que depuis une dizaine d'années que certaines entreprises mesurent régulièrement leur "météo-sensibilité" et se couvrent contre ces aléas soit à l'aide de contrats d'assurance sur mesure, vendus par les assureurs et certaines banques, soit par des futures ou options cotées au CME (dont le sous-jacent est un écart de température par rapport à 75°F pour les villes américaines et 18°C pour les villes européennes).

Question: pourquoi ces instruments de couverture météo n'ont pas encore connu un essor plus important, étant donnés le nombre d'acteurs concernés par ce risque et l'ampleur de ce risque pour certaines activités? Tout d'abord parce qu'une estimation de ce risque requiert une base de données météo historique, considérable et fiable, que les progrès technologiques dans le traitement des données ont permis de constituer relativement récemment.

Ensuite, comme pour tout produit dérivé, il est nécessaire que le sous-jacent, ici un indice météo, soit calculable aisément, utile pour des intervenants à intérêts opposés, et homogène sur la plus grande zone géographique possible. Enfin, il est indispensable que ces indices aient un minimum de variabilité afin d'attirer des spéculateurs qui contribueront à l'incontournable liquidité.

Dans les faits, de nombreux secteurs sont sensibles à l'un des facteurs de risque météo: le secteur énergie est très sensible aux variations de températures dont dépendent étroitement les variations de la consommation d'électricité, énergie non stockable dont les variations de production à court terme sont coûteuses et productrices de CO2; le secteur agricole est évidemment sensible aux précipitations et à l'ensoleillement (voir les caractéristiques météo des années des crus excellents, l'impôt sécheresse etc.); le secteur alimentaire est aussi "météo sensible" puisque la consommation de certaines boissons est très corrélées avec la température; le secteur touristique n'est pas en reste puisque toute activité de plein air est soumise aux aléas météo (citons par exemple les opéras produits dans Hyde Park ou au Jardin du Luxembourg...). Et bien d'autres encore.

Tout comme Monsieur Jourdain qui fait de la prose sans le savoir, toute entreprise est "météo sensible" sans le savoir! Plusieurs simulations ont même révélé que dans certains cas, le risque météo est plus important que le risque de taux d'intérêt, de change ou de prix des matières premières.

Dans un environnement concurrentiel international, il devient indispensable de gérer les risques pouvant affecter la marge opérationnelle des entreprises. Ce n'est pas parce que l'être humain ne peut influencer la météo que ce risque doit être subi: les entreprises n'influencent ni M. Bernanke, ni M. Trichet dans la détermination des taux d'intérêt et pourtant ... elles gèrent ce risque!

Catherine Lubochinsky, professeur à l'université de Paris II (Assas)

Clash entre BP et ses partenaires russes

La Tribune.fr - 11/06/08

Le différend entre le groupe pétrolier britannique et des investisseurs russes réunis au sein du consortium AAR, Alfa-Access-Renova, devrait être porté devant la justice.

Après plusieurs jours de tensions et de tentatives de rabibochage, le divorce a l'air consommé entre le géant pétrolier britannique BP et ses partenaires russes, réunis au sein du consortium Alfa-Access-Renova (AAR), dans leur filale commune à 50/50 TNK-BP. Ces derniers auraient même prévu de porter leur différend devant la justice. Reste à savoir laquelle.

Moscou a mis le feu aux poudres en faisant convoquer par la police le patron de l'entreprise pour l'entendre à propos de soupçons de fraude fiscale. Mais ce rebondissement n'est venu que souligner l'intensité du bras de fer entre les intérêts russes et britanniques sur ce dossier. Les premiers réclamaient notamment une réduction de 60% des effectifs étrangers, une représentation à parité dans l'ensemble des conseils, et des prérogatives élargies de mandataire pour l'actionnaire russe German Khan.

Ce mercredi, le directeur général de BP Tony Hayward qui présentait le rapport de statistique annuel 2008 de son groupe avait tenté de calmer le jeu, déclarant "nous restons en discussion avec nos associés". En vain apparemment.

latribune.fr

L'enjeu de la confiance dans le système bancaire

La Tribune.fr - 12/06/08

Le banquier doit inspirer confiance par la nature de son activité et par la manière dont il l'exerce, rappelle Bernard Fraigneau, directeur général honoraire de la banque Rothschild.

"N'entendez-vous pas une sourde rumeur d'orage". Avertissement de Méphistophélès (Faust de Goethe). Les éclairs ont embrasé le ciel et déjà, des augures entrevoient le retour au calme. Comme si les colossales pertes déclarées (et à venir) du système bancaire n'étaient qu'un cas d'école à inscrire au menu des thésards!

Comme si l'abondante création monétaire déversée par les banques centrales avait normalisé le marché interbancaire! Comme si les tonitruants appels au secours (augmentations de capital en série) ne devaient pas s'entendre comme des signaux de détresse!

D'autres voix s'élèvent qui se veulent plus responsables; elles réclament des remèdes copies conformes des potions passées, tel le retour au Glass Steagall Act. Pourtant, l'univers marchand n'a plus rien à voir avec celui des années 30. Nous vivons cette immense mutation que représente la conscience de la "fin des certitudes" (Ilya Prigogine). Le temps futur compte maintenant plus que le temps présent, et leur relation se perçoit mathématisée.

C'est bien là la zone d'épandage inévitable et planétaire de l'économie financière actuelle. Ces voix passéistes sont relayées par tous ceux qu'inspirent les relents de la démission collective en approuvant le recours aux puissances publiques, d'autant mieux vu que le Royaume-Uni a montré l'exemple.

L'appui de la Fed dans le "sauvetage" de Bear Stearns sert de modèle: "no bank left behind Act!" Dans les colonnes de La Tribune du 24 avril, Christian Stoffaës, président du conseil du Cepii, déclare comme une évidence: "Les banques gèrent le service public de la monnaie." Pierre Mauroy ne disait pas autre chose quand il prônait, en 1981, la nationalisation des banques.

Le décor est planté: 1) un très grave affaiblissement du système bancaire international dont il faut courageusement prendre toute la mesure; 2) le risque d'une politisation idéologique. Les acteurs (banquiers, autorités de tutelle, organes de régulation) sont appelés à leur devoir. Deux évidences s'imposent: le métier de banquier s'est corrompu dans la fréquentation des jongleurs de la spéculation, dans "la fantasmagorie de la lanterne magique" (toujours Goethe).

L'affaiblissement du système bancaire procède d'un évident dévoiement de l'industrie financière. Convoquer des dépôts, emprunter à d'autres banques, fédérer des actionnaires pour jouer à la loterie, en à-côté des fonctions naturelles du métier, c'est avoir une double vie.

Quand cette exposition équivoque prospère, les bonus et autres pourboires sont gratifiants et on en vient à définir les objectifs de profitabilité en fonction de critères sulfureux, bref on marche sur la tête. Que l'on ne dise pas que "l'affaire" Kerviel est une anomalie à laquelle, spécifiquement, on va remédier. C'est le principe même de ce type de business, déconnecté de la satisfaction des besoins de la clientèle, qui est en question.

Le banquier doit inspirer confiance par la nature de son activité et par la manière dont il l'exerce. Confiance de ses clients, confiance de ses personnels et confiance de ses actionnaires qui, ensemble, constituent sa référence. Quand, pour ne citer que cet exemple, une grande banque fait actuellement la quête (par mailing, par interpellation téléphonique) en offrant une rémunération de 10% à ses dépôts, au-delà donc de toute rationalité économique, croit-elle inspirer confiance? N'est-ce pas plutôt le doute qu'elle insinue chez ses interlocuteurs et contreparties?

La confiance se mérite, elle ne s'achète pas. Dès lors que les banquiers, leurs tutelles, les régulateurs auraient pris en compte cette double "révélation", si évidente pour un acteur d'un autre âge (les perspectives de bonus dussent-elles en souffrir !), une action urgente et énergique devrait être concertée: encadrer les interventions spéculatives dans le périmètre des seuls services requis par la clientèle. Car les métiers de marché sont désormais consubstantiels aux fonctions des gestionnaires d'actifs et de passifs financiers. Un nouveau Glass Steagall Act serait improductif.

Par contre, des règles contraignantes doivent être édictées qui ne justifieraient les montages, interventions et positions que par les "commandes" des clients. Finis donc, interdits, les jeux de casino prétendument fondés sur l'emploi des fonds propres de la banque. Ceux-ci doivent trouver leur rentabilité dans les services exclusifs à la clientèle. Tout industriel autre que financier fonctionne sur cette règle d'or.

Quand il y déroge (anticipation de ses fournitures, jeux sur les devises et/ou les matières premières), il s'expose à des situations dangereuses que son banquier est le premier à lui reprocher. Un grand chantier de régulations s'impose. Il est techniquement complexe tant le business model des banques est contaminé, mais le rétablissement de la confiance passe par là. L'enjeu est de taille.

Bernard Fraigneau, directeur général honoraire de la banque Rothschild