"Le comité a conclu sans ambiguïté que M. Wolfowitz n'avait pas respecté les règles", a appris mardi l'AFP de source européenne.
L'ancien numéro deux du Pentagone est accusé d'avoir demandé personnellement que sa compagne, Shaha Riza, employée au service communication de l'institution, soit augmentée de façon substantielle.
Le conseil d'administration, chargé par les 185 pays membres de la Banque de trouver une issue à ce scandale qui dure depuis près d'un mois, a demandé à un petit nombre d'administrateurs d'examiner dans les détails cette accusation. Ils ont fini leurs travaux en fin de semaine dernière et transmis leurs conclusions à l'intéressé qui avait jusqu'à mardi pour y répondre.
"Le rapport a été communiqué à M. Wolfowitz dimanche soir: il a jusqu'à aujourd'hui (mardi) pour y répondre. Les deux documents seront ensuite transmis aux administrateurs", qui seront appelés à se prononcer dans un délai encore inconnu, a-t-on précisé de même source.
Pour sa défense, M. Wolfowitz répète qu'il a agi dans la plus grande transparence vis-à-vis du conseil d'administration et dénonce une "campagne calomnieuse" destinée à l'évincer de la présidence de la Banque pour des raisons politiques.
Son avocat s'est insurgé mardi contre le traitement "injuste" réservé, selon lui, à son client et les fuites "nocives" sur cette affaire dans les médias. "Nous sommes extrêmement découragés par le fait que le comité ad hoc n'ait pas donné à M. Wolfowitz tout le temps qu'il avait demandé pour répondre au projet de rapport. C'est terriblement injuste", a affirmé l'avocat, Bob Bennett, dans un communiqué.
L'affaire a fait une première victime lundi avec la démission de l'un des plus proches conseillers de M. Wolfowitz, Kevin Kellems. Ancien journaliste, Kevin Kellems avait été nommé par M. Wolfowitz dès que ce dernier était arrivé à la tête de l'institution multilatérale, en juin 2005.
Si plusieurs pays européens comme l'Allemagne, la Norvège, la France et la Grande-Bretagne souhaitent le départ de M. Wolfowitz, les Etats-Unis, qui l'ont désigné pour ce poste, continuent jusqu'à présent à le soutenir.
Mardi, le ministre néerlandais des Finances Wouter Bos a estimé que le rapport du comité d'éthique augmentait la pression sur Paul Wolfowitz pour qu'il démissionne. "C'est impossible pour la Banque mondiale d'aller parler partout de la bonne gouvernance sans qu'il y ait une bonne gouvernance à l'intérieur de la Banque", a aussi jugé le ministre belge Didier Reynders.
La Maison Blanche a renouvelé mardi son soutien à l'ancien faucon de l'administration Bush, tout en prenant pour la première fois ses distances. "Nous continuons à soutenir le président Wolfowitz", a dit son porte-parole, Tony Snow. "Les discussions en ce moment ne se tiennent pas entre l'administration américaine et la Banque mondiale, elles se tiennent entre M. Wolfowitz et la Banque mondiale et je crois qu'il est approprié de laisser le processus se dérouler plutôt que d'essayer de nous en mêler", a-t-il toutefois ajouté.
La Maison Blanche affirmait jusqu'alors "l'entière confiance" de M. Bush en M. Wolfowitz, un des concepteurs néoconservateurs de la doctrine ayant conduit à l'invasion de l'Irak.
"La question du développement et de la pauvreté dans le monde est si importante que des procédures internes à la Banque mondiale ne devraient pas nous en distraire", a souligné de son côté le porte-parole du Département d'Etat, Sean McCormack.
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