mardi 29 avril 2008

Le président de l'Opep évoque un baril à 200 dollars

Dans une déclaration au quotidien algérien El Modjahid, Chakib Khalil craint les conséquences d'une poursuite de la chute du dollar.

"Le prix du baril est désormais indexé à la hausse ou à la baisse du dollar" a dit le président de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole .
"Le prix du baril est désormais indexé à la hausse ou à la baisse du dollar" a dit le président de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole .
Chakib Khalil, le ministre algérien de l'Energie et des mines qui est également le président actuel de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP) met les pieds dans le plat à l'heure où le prix du baril a atteint de nouveaux records tout près des 120 dollars.

Dans une déclaration publié ce lundi par le quotidien algérien El Moudjahid, il n'exclut pas de voir ce prix du baril continuer à flamber et atteindre les 200 dollars.

Il souligne en effet que "le prix du baril est désormais indexé à la hausse ou à la baisse du dollar. Une baisse de 1% du dollar, provoque une hausse de 4 dollars par baril. Dans le cas d'une hausse de 10% du dollar, il y a fort à parier que le prix du baril chutera de 40 dollars".

Le ministre tente donc à la fois de ne pas mettre de l'huile (sans mauvais jeu de mots) sur le feu. "En termes de fondamentaux, les stocks sont élevés, la demande est en baisse et l'offre est satisfaisante. Normalement, sans problèmes géopolitiques et la baisse du dollar, les prix du pétrole ne seraient pas à leur niveau actuel".

Il estime en effet que "les prix du pétrole sont élevés du fait de la récession aux Etats-Unis et la crise économique touchant plusieurs pays, qui influe sur la valeur du dollar. Si la situation américaine arrivait à se stabiliser d'ici la fin de l'année, cela aiderait à les cours à se stabiliser".

Pas question en revanche à ses yeux de modifier la politique de l'Opep : "je ne pense pas qu'une augmentation de la production aiderait les prix à baisser puisqu'il y a un équilibre entre l'offre et la demande, que les stocks d'essence aux Etats-Unis enregistrent un excèdent et qu'ils sont à leur plus haut niveau depuis cinq ans". Pas question non plus de convoquer une réunion extraordinaire de l'OPEP : "les objectifs de l'OPEP ne sont pas de baisser ou d'augmenter les prix du pétrole, mais de répondre aux besoins du marché" a-t-il souligné.


latribune.fr

Réunion de la Fed qui se prépare à une nouvelle baisse des taux

La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait opter pour une nouvelle baisse des taux afin de soutenir davantage l'économie. Toutefois la détente monétaire devrait être moins forte que celle décidée lors des réunions précédentes. A cette occasion, la banque pourrait laisse entendre que le cycle de baisse touche à sa fin car l'inflation l'inquiète.

Les marchés devraient être dans l'expectative en attendant la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) ce mardi et demain mercredi. La Réserve fédérale a déjà réduit de trois points son principal taux directeur depuis la mi-septembre pour tenter de contrer le ralentissement économique engagé aux États-Unis dans le sillage du retournement du marché immobilier qui a provoqué une crise des crédits à risque "subprime", puis une crise de l'ensemble des marchés de crédit.

Depuis l'automne dernier, la Banque centrale a réduit six fois le taux des Fed funds, le faisant revenir de 5,25% à 2,25%. Et selon toute vraisemblance, les observateurs tablent sur une nouvelle baisse cette semaine, mais cette fois de 25 points de base - contre une détente de 75 points le mois dernier. De surcroît, les pronostics sont plus incertains puisque les futures sur taux estiment qu'il y a une chance sur cinq que la banque centrale choisisse le statu quo.

Une nouvelle détente monétaire reste cependant l'hypothèse la plus vraisemblable, avec une probabilité estimée à 80% par les analystes, mais le communiqué qui accompagnera la décision pourrait aussi indiquer que la baisse de taux de cette semaine sera la dernière du cycle actuel.

La première estimation du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis au premier trimestre permettra quant à elle, mercredi, de faire le point sur l'autre risque qui plane sur l'économie, celui de la récession. Les économistes attendent en moyenne une croissance anémique de 0,2% en rythme annuel. Il s'agirait de la plus faible performance depuis les derniers mois de 2002.

latribune.fr

vendredi 25 avril 2008

Pas de formule miracle pour le FMI


par Agnès Bénassy-Quéré et Lionel Fontagné du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii).

Alors que la gouvernance économique mondiale est au coeur de toutes les préoccupations, la décision de modifier les règles de représentation dans l'organisation phare de la régulation financière mondiale, pour mieux prendre en compte la montée en puissance des pays émergents, ne passera pas inaperçue. D'autant qu'on a choisi une nouvelle formule de calcul... dont on se gardera bien d'appliquer pleinement les résultats!

Lors des assemblées d'avril, le comité monétaire et financier du Fonds monétaire international (FMI) a en effet approuvé la réforme des quotes-parts qui avait été proposée fin mars par le conseil d'administration du Fonds. Les 185 États membres vont maintenant procéder au vote, et la réforme devrait être adoptée dans les semaines qui viennent. Ainsi s'achève un marathon de près de deux ans pour tenter de rééquilibrer les pouvoirs au sein de cette institution décidément bien chahutée. En septembre 2006, à Singapour, les 185 États membres avaient décidé de relever immédiatement les quotes-parts (et, donc, les droits de vote) de quatre pays particulièrement sous-représentés -Chine, Corée, Mexique et Turquie- et de modifier la formule de calcul des quotes-parts au plus tard au printemps de 2008. Nous y sommes.

La réforme adoptée comporte trois volets: une nouvelle formule de calcul qui se substitue aux cinq formules précédemment utilisées; un triplement des droits de vote de base -les droits alloués à chaque État membre indépendamment de sa quote-part-; et des administrateurs adjoints supplémentaires pour les deux circonscriptions africaines, particulièrement chargées en nombre de pays mais légères en droits de vote. Le triplement des droits de vote de base va permettre à 135 pays (sur 185) de peser davantage sur les décisions du Fonds. Ainsi, le plus petit État membre -Palau- va voir son droit de vote presque multiplié par trois pour atteindre... 0,031 % des voix.

De fait, au terme de la réforme, 89 pays auront toujours un droit de vote inférieur à 0,1 %, et seuls 12 pays d'Afrique subsaharienne dépasseront ce seuil. Pour ces pays, la nomination d'un second administrateur adjoint est sans doute plus importante que la hausse des droits de vote.

Pour les grandes économies émergentes, c'est au contraire le changement dans la formule de calcul des quotes-parts qui va compter. En particulier, la nouvelle formule tient compte du PIB mesuré en parité de pouvoir d'achat, c'est-à-dire en supposant que les niveaux de prix soient les mêmes partout dans le monde. Cela conduit à relever fortement la quote-part de la Chine et d'autres grandes économies émergentes.

Les plus gros perdants sont le Royaume-Uni et la France. Toutefois, la nouvelle formule ne s'applique pas brutalement (pas plus que le système opaque qu'elle remplace). Elle ne fait que fournir une indication pour les réajustements. Ainsi, la quote-part théorique de la Chine serait de 6,39 % selon la nouvelle formule, mais elle ne sera que de 3,997 % après cette réforme, tandis que la France bénéficiera encore d'une quote-part de 4,506 %, soit plus que le chiffre théorique de 4,016 %.

Ironie de la réforme, les États-Unis, qui bénéficient déjà d'un pouvoir de veto avec plus de 17 % des droits de vote, voient leur quote-part théorique augmenter avec la nouvelle formule. Grands seigneurs, ils renoncent à une partie de leurs nouveaux droits, suivis en cela par l'Allemagne, le Japon et quelques autres pays.

En réalité, les États-Unis ont tout intérêt à terme à cette réforme pérennisant leur position au sein de l'institution: selon les estimations du Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales), la nouvelle formule conduit à une forte augmentation de la quote-part chinoise (+4,5 points de pourcentage) d'ici à 2030 et à une baisse presque équivalente (-4 points) de celle de la zone euro, tandis que les États-Unis parviennent peu ou prou à maintenir leur part. Quant à la quote-part agrégée des pays d'Afrique subsaharienne, elle stagne à 1,5 % (1 % si l'on retire l'Afrique du Sud), même si les droits de vote de base relèvent un peu ce chiffre pour les droits de vote. Ainsi, la réforme est loin de rééquilibrer les pouvoirs au sein du Fonds. Comme le dit son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, c'est un premier pas.

Agnès Bénassy-Quéré et Lionel Fontagné du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii).

latribune.fr

Porsche veut faire de Volkswagen une entreprise "normale"

L'assemblée générale des actionnaires s'est transformée en passe d'armes entre salariés et élus du Land de Basse Saxe d'un côté et Porsche de l'autre. Les premiers craignent de perdre leurs pouvoirs dès que la marque légendaire, probablement à l'été, prendra la majorité absolue du capital du premier constructeur européen.

On s'attendait à une assemblée générale longue et agitée. Les quelque 2.600 actionnaires venus à Hambourg hier n'ont pas été déçus. Martin Winterkorn, le président du directoire, a eu beau vanter les performances du premier constructeur européen alors que les nuages commencent à s'accumuler sur l'environnement international, ce n'est pas vraiment ce qui a intéressé les actionnaires, dont la faible présence a surpris quand on sait qu'ils avaient été plus de 4.000 à venir chez Porsche et sont régulièrement plus de 8.000 chez Mercedes ou Siemens.

Ceux-ci voulaient surtout savoir quelle va être l'issue de la passe d'armes qui oppose depuis l'automne Porsche, qui veut les pleins pouvoirs quand il aura fait passer sa participation d'aujourd'hui 31% à plus de 50%, aux salariés et au Land de Basse Saxe qui entendent bien conserver leurs prérogatives.

"Cette bagarre ne limite t-elle pas la marge de manoeuvre de la direction du groupe?" s'est inquiété un actionnaire en s'adressant au patron de Porsche, Wendelin Wiedeking. "Pourquoi des critiques aussi massives sur la loi Volkswagen, M. Wiedeking ?" s'est indigné un salarié, en estimant que ce qui s'est passé chez Nokia à Bochum et chez Siemens dans les téléphones portables justifiait que le Land de Basse Saxe conserve sa minorité de blocage et les syndicats leur droit de regard sur les grandes décisions.

Le patron de Porsche n'a pas eu droit cependant à la parole. S'appuyant sur le droit allemand des sociétés, le président du conseil de surveillance de Volkswagen, Ferdinand Piëch, a répondu qu'il n'acceptait aucune des questions qui s'adressaient à un membre actuel du conseil ou un membre futur.

C'est finalement le directeur juridique de la marque légendaire qui a expliqué pourquoi Porsche avait déposé une résolution destinée à modifier certains paragraphes des statuts pour se mettre en conformité avec le jugement de la Cour européenne de justice. Et de s'opposer avec virulence aux arguments avancés peu avant par le ministre des Finances du Land de Basse Saxe.

En octobre, la Cour européenne a condamné la loi Volkswagen qui garantit notamment aux salariés et à l'Etat de Basse Saxe un droit de veto sur les décisions stratégiques. Si l'Etat de Basse Saxe a compris qu'il ne pourrait plus conserver son statut particulier qui lui assure notamment deux sièges automatiques au conseil et le plafonnement à 20% des droits de vote d'un actionnaire, il tient en revanche à laisser à 80% la majorité nécessaire lors d'une assemblée générale pour des décisions importantes.

"Nous prenons au sérieux vos craintes et critiques", a d'abord indiqué le manager de Porsche en assurant que l'objectif final n'était pas d'affaiblir Volkswagen ou de le démanteler mais bien de saisir "la chance historique qui nous permet de façonner un groupe automobile inégalable".

Il a assuré au passage qu'il ne prévoyait aucune suppression d'emplois chez VW et que Porsche avait même proposé à la Basse-Saxe "d'assurer par contrat la pérennité des sites de VW en Allemagne". Il a estimé indispensable en revanche une modification immédiate des statuts pour que Volkswagen devienne une société normale avec des statuts conformes à ceux des autres.

Dès qu'il aura obtenu le feu vert des différents offices de cartel, au plus tard après l'été, Porsche veut faire monter sa participation à plus de 50%, a indiqué à La Tribune le porte-parole du groupe de Stuttgart. Pour l'instant toutefois, il risque de subir un certain revers, sa résolution ne devant pas obtenir les 80% des droits de vote présents nécessaires. Le vote devait débuter en début de soirée.

Une situation qui ne l'empêche pas déjà d'imposer ses vues au conseil de surveillance dans lequel il détient désormais directement quatre des dix sièges détenus par les représentants du capital. Wolfgang Porsche, président du conseil de surveillance, devait être élu à l'issue de l'assemblée au conseil de Volkswagen. Mais en présentant une résolution visant à modifier les statuts, Porsche s'est laissé ouverte la possibilité à terme de déposer plainte devant les tribunaux pour obtenir gain de cause.

Dans un premier temps, il va devoir affronter les représentants des salariés de Volkswagen mardi prochain devant les tribunaux. Le comité d'entreprise a déposé plainte sur la constitution du conseil de surveillance de Porsche SE, la nouvelle holding du groupe. Trois seulement des six sièges accordés aux salariés sont prévus pour Volkswagen, le jour où Porsche détiendra plus de 50% du capital. Les trois autres sont pour les représentants de la marque légendaire. Et ce alors qu'il y a 12.000 salariés chez Porsche et 326.000 chez Volkswagen.

Bénédicte de Peretti, envoyée spéciale à Hambourg