vendredi 8 juin 2007

Le protocole de Kyoto ne mène à rien

07/06/2007 - Claude Allègre - © Le Point

L'écologie est à la mode. C'est bien, car l'homme doit désormais impérativement trouver un équilibre avec la nature. Il ne doit plus continuer à l'exploiter comme si ses ressources étaient inépuisables il ne doit plus continuer à la polluer comme si son pouvoir naturel d'autonettoyage était infini.

Au comportement : je prends, j'utilise, je jette et je recommence, doit se substituer celui du recyclage, de la réutilisation, de l'exploitation rationnelle des ressources naturelles, de la production sans pollution.

La création, longtemps réclamée, d'un grand ministère pour traiter les questions que l'on regroupe sous le terme de développement durable permet aujourd'hui d'espérer que nous allons enfin amorcer la transition décisive vers un nouveau modèle de développement et une nouvelle croissance et non pas, comme le réclament certains, vers la régression, la décroissance et la frugalité pour nos enfants.

Enorme responsabilité pour celui qui a la charge de faire vivre ce ministère, car s'il ne parvenait pas à amorcer ce changement l'Histoire ne le lui pardonnerait pas.

Mais auparavant il devra avec courage s'attaquer à un certain nombre de comportements qui rendent la démarche écologique inacceptable pour une majorité de citoyens. En démocratie, ce ne sont pas ceux qui ont obtenu 1 % ou 2 % aux élections qui doivent imposer leurs points de vue !

Ainsi, par exemple, on s'alarme, voire on panique, au sujet du temps qu'il fera dans un siècle. On s'inquiète d'une augmentation des températures de 2 °C et du niveau des mers de 30 centimètres sans pour autant prendre les mesures adéquates.

J'avais dénoncé en son temps le protocole de Kyoto comme étant coûteux et inefficace. Le résultat vient de tomber, implacable. Alors que le protocole fixait comme objectif de réduire les émissions de CO2, ces dernières se sont fortement accélérées depuis dix ans ! Preuve que cette démarche n'est pas la bonne.

On néglige totalement le court terme, là où se situent les menaces qui nous touchent, pour philosopher sur un hypothétique long terme avec le soutien de quelques médias vautrés dans le catastrophisme.

Il y a quelques jours, des pluies abondantes se sont transformées en inondations dévastatrices. On ne peut dire que ce genre de catastrophe est imprévu puisque aussi bien le signataire de ces lignes que d'autres ont prévenu depuis quinze ans que les inondations allaient inexorablement augmenter. Il ne s'agissait pas de calculs faits sur d'énormes ordinateurs avec des hypothèses discutables, mais simplement de la constatation des géologues de terrain habitués à raisonner sur des faits solides.

Le goudronnage généralisé, l'urbanisation forcenée, le remplacement des feuillus par des résineux, l'argilisation des sols due à l'utilisation excessive d'engrais, combinés avec l'ensablement des rivières et des fleuves, sont autant de facteurs qui favorisent le ruissellement au détriment de l'infiltration. Ainsi peut-on prévoir que les régions qui ont subi ces inondations manqueront d'eau cet été !

Paradoxe hydrologique pourtant logique : si l'eau coule trop, elle ne nourrit pas les nappes.

Peut-on éviter de telles catastrophes, qui coûtent quelques centaines de millions d'euros à l'Etat chaque année, mais qui, plus encore, perturbent gravement la vie de ceux qui en sont victimes ?

D'abord et en priorité, aménager et équiper le territoire de manière à réagir dès qu'il y a risque d'inondation en pompant l'eau pour l'injecter de manière mécanique dans le sous-sol de façon à alimenter les nappes phréatiques. Ensuite, développer un programme de désensablement des rivières et des fleuves. Ce programme fournirait en outre des matériaux de construction immédiatement utilisables.

Dans un troisième temps, procéder à un aménagement du territoire avec plan de reboisement, remplacement des bétons et ciments par leurs équivalents poreux, voire construction de petits barrages de retenue en amont des fleuves.

Un tel programme d'aménagement du territoire permettrait de créer des milliers d'emplois. Va-t-on se décider à agir concrètement pour ce qui nous menace réellement aujourd'hui au lieu de faire peur avec ce qui pourrait nous menacer après-demain ?

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